Classé au patrimoine mondial de l’Humanité et attirant plusieurs centaines de milliers de visiteurs chaque année, le pont du Gard est l’un des monuments les mieux conservés de l’Antiquité romaine. Au milieu des collines et de la garrigue, il demeure l’une des destinations incontournables en Provence.

Vingt siècles après sa construction, le pont du Gard impressionne toujours par son envergure et ses dimensions. Haut d’une cinquantaine de mètres, il mesure près de trois cents mètres de long et comprend trois étages, dont le dernier comprend trente-cinq arches. Mais ce qui frappe surtout, c’est l’élégance de la construction qui défie le temps.

Il est vrai que, dans l’Antiquité romaine, la construction d’un aqueduc (ainsi que son entretien) était l’équipement le plus coûteux que pouvait s’offrir une cité. Les élites de Nîmes qui décidèrent sa construction ont donc manifesté une réelle volonté ostentatoire, d’autant que leur ville disposait de nombreux puits et ne manquait pas d’eau. Mais, avec ce nouvel aqueduc, ce n’était pas moins de quarante mille mètre cubes supplémentaires qui se déversaient chaque jour dans la ville, alimentant les fontaines, les thermes et les habitations.

Un chef-d’œuvre d’ingénierie

L’aqueduc prenait sa source à une cinquantaine de kilomètres de là, à Fontaine-d’Eure, près d’Uzès. Aujourd’hui encore, il apparaît comme un chef-d’œuvre d’ingénierie, puisque la différence entre les points de départ et d’arrivée n’est que de douze mètres et demi, soit vingt-cinq centimètres par kilomètre ! Et le plus bel ouvrage d’art en demeure bien entendu le pont du Gard, construit au milieu du première siècle de notre ère, l’un des ponts-aqueducs les mieux conservés et les plus grands du monde romain. L’exploit technique est d’autant plus impressionnant qu’il a résisté aux crues du Gardon dont il surplombe la vallée. On estime que mille ouvriers y ont travaillé intensivement pendant plus de cinq ans.

Pendant plusieurs siècles, il a donc apporté de l’eau à Nîmes, avant que son entretien ne cesse au IVe siècle de notre ère. Le calcaire a alors commencé à se déposer sur les parois, jusqu’à occuper les trois quarts de la conduite. Il a vraisemblablement cessé de fonctionner deux siècles plus tard. Au Moyen Âge, de nombreuses pierres ont été récupérées et il a servi désormais de point de passage du Gardon. Il a dû sa sauvegarde à la passion pour l’Antiquité lors de la Renaissance. Plusieurs souverains sont venus le visiter. En 1696, les Etats du Languedoc prennent en charge sa restauration. Les travaux se sont étalés sur une cinquantaine d’années, avec la construction d’un solide pont routier accolé.

Grand site national

Classé monument historique dès 1840, il est l’objet d’un vaste programme de restauration et d’aménagement dans les années 2000. L’ensemble du site est sanctuarisé et le paysage naturel, abîmé par les crues et l’afflux de touristes, est réhabilité. On y pénètre désormais par un vaste espace aménagé, comprenant notamment un espace muséographique moderne. Ce qui n’a rien d’un luxe pour un monument qui attire près d’un million et demi de visiteurs tous les ans.  Et pour compléter une visite romaine de ce coin d’Occitanie, on ne saurait que conseiller de poursuivre jusqu’à Nîmes, où les vestiges antiques abondent avec la Tour Magne, les arènes et la Maison Carrée, un ancien temple particulièrement bien conservé.

 crédit photo Aurélio Rodriguez

Mise en Lumière - Y. De Fareins

 

Erwan Chartier
Thèmes associés : #Reportage

Partagez cet article :

0 commentaires

Réagir

@