« Qu'est-ce-qui a motivé votre venue à Cuba ? » La question fuse forcement de la part d'un guide accueillant un groupe à l'aéroport de La Havane. Et parmi les réponses majoritaires : voir les vieilles voitures américaines avant qu'elles ne disparaissent. « Vous savez que nous ne les avons pas gardées par plaisir mais à cause de l'embargo américain ? » enchaîne le guide. Oui, tout le monde le sait.

Pontiac, Lincoln, Ford, Chevrolet, Dodge, Cadillac... les belles américaines abandonnées sur place en 1959 à l'accession au pouvoir de Fidel Castro par les riches résidents US n'ont pas trouvé de générations de renouvellement. Embargo sur les pièces d'entretien, impossibilité d'importer des modèles récents... il a fallu faire avec. Et encore aujourd'hui même si les restrictions ont été quelque peu levées. Selon le système D, les Cubains ont refaçonné les pièces de carrosseries, remplacé les pièces d'origine par des boites de vitesse Mercedes, des freins Toyota, des compteurs Peugeot, des essuie-glaces russes, des pneus vénézuéliens, des assises de cuirs locaux... pour en faire le meilleur des réseaux de transport en commun au service des autochtones.

Mais aussi, à la scie sauteuse, ont supprimé nombre de toits pour faire des décapotables, préférées par les touristes, inventant du coup des modèles inédits. Avec quelques surprises ici ou là comme des enseignes de taxis parisiens, des slogans pour la bière, un ex corbillard repeint en rouge... Si la capitale La Havane est bien le royaume de ces belles américaines, cet art du fait maison automobile touche toute l'île.

Certes parfois vaut mieux penser à tenir la porte pour être certain qu'elle ne s'ouvre en route, le démarrage peut être aléatoire sans poussette et bien sûr les ceintures de sécurité inexistantes alors que ça roule n'importe comment autour de vous... Le charme et l'improbabilité d'un tel moment ailleurs ont vite fait de séduire pour que sans hésiter, on s'assoie, pour quelques dollars ou pesos convertibles, sur la banquette avant trois places d'un de ces carrosses des mille-et-une nuits caribéennes. En voiture. Et viva la Revolucion !

 

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