L'ombre tutélaire de Che Guevara plane sur Santa Clara, au cœur de Cuba. Le guérillero au béret a remporté ici en décembre 1958 la bataille décisive qui amènera Fidel Castro au pouvoir début janvier 1959. Le Che n'imaginait sûrement pas alors que 60 ans plus tard, la cité serait une attraction pour touristes.

La bataille de Santa Clara débuta au soir du 28 décembre. Face à face, 3000 soldats du président honni Batista assistés de chars et 300 barbudos mal fagotés, mal armés, commandés par Guevara. Et tous attendent un train blindé apportant 400 militaires de plus et un arsenal de canons, mitrailleuses, bazookas, munitions... dernier soubresaut de Batista pour garder le pouvoir. La population a pris fait et cause pour les révolutionnaires et les aident en gênant les déplacements des soldats du régime. Che Guevara fait croire au train que le passage est possible jusqu'à la caserne et envoie une poignée d'hommes discrets plus en arrière démonter les rails avec une tractopelle Catarpillar.

Imaginant un piège dans son avancée, le train se met en marche arrière et déraille dans un grand chaos. Les révolutionnaires arrosent les wagons de cocktails molotov et la chaleur oblige les militaires à se rendre sans combattre. Les nombreuses armes récupérées et la démoralisation des troupes officielles scellent la reddition des casernes. Voilà les hommes de Fidel équipés jusqu'aux dents pour marcher sur La Havane et réduire au silence les tendances divergentes de la révolution. Le 1er janvier, Batista s'enfuit en avion avec le trésor d'Etat vers la République Dominicaine et Castro peut assoir son pouvoir sur tout Cuba.

Du haut du mausolée

C'est logiquement à Santa Clara que fut ramenée la dépouille d'Ernesto Che Guevara en 1997, 30 ans après son exécution en Bolivie. Son mausolée de béton, sous haute protection policière, recèle uniformes, armes, plans de bataille, archives, livres... et quelques uns de ses appareils photos car le Che aimait à pratiquer l'art de la photographie dans toutes les situations. A se demander comment il jugerait l'aberrante interdiction très ferme de prendre le moindre cliché dans le bâtiment !

Du haut du mausolée tout à sa gloire, sa statue peut porter un regard ouvert sur le reste de la ville. Il y voit l'espace mémoriel consacré à son exploit de décembre 1958. Quatre wagons ont été restaurés et ornés à l'intérieur d'images et explications de la bagarre, quelques mitrailleuses de comédie investissent l'ensemble juste à côté de la tractopelle Caterpillar érigée sur un socle de béton pour en faire un monument de l'outil au service de la libération des peuples... Le peuple de touristes occidentaux trouve pourtant à se tourner d'un rien pour aller s'offrir dans les innombrables échoppes voisines plutôt un t-shirt à l'effigie du Che, tout de même plus fashion qu'avoir une tractopelle sur la bedaine.

Et pour son dernier coup d'œil vers le site, Guevara pourra retrouver des repères : comme il y a juste 60 ans, les Cubains ruraux traversent la voie ferrée et rejoignent la ville dans un omnibus à cheval. Décidément, quand tout change, rien ne change... Une sorte de Fidélité.

L'ombre du Che plane sur Santa Clara

Le site de l'attaque et du déraillement du train blindé

Le Caterpillar érigé en monument

Boutiques souvenir

Le mausolée de Guevara

Au passage à niveau de la bataille, on circule encore à cheval

 

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