Erik Orsenna, de l'Académie Française, s'est penché sur une des problématiques de certains voyages au soleil, les moustiques. Son livre « Géopolitique du moustique » est une enquête technique mais aussi romanesque à la rencontre de notre meilleur ennemi de vacances. Avec quelques solutions pour lui dire « moi piqué, jamais ! »

Quel moustique pourrait bien avoir l'idée d'aller piquer Erik Orsenna, lauréat du Goncourt, de celui des lycéens, scribe de François Mitterrand, élu au fauteuil de Pasteur à l'Académie Française ? Tous.

Puisqu'il est parti sur leurs territoires façon provoc afin de se poser les questions sur nos relations avec la bêbête qui siffle à nos oreilles au moment où l'apéritif devrait se passer dans de gentilles conditions de sérénité. Après le coton, l'eau et le papier, il signe un quatrième tome de son « Petit précis de mondialisation » avec pour vecteur cette fois le moustique, l'être le plus mondialiste et assassin qui soit.

« Les requins tuent dix personnes chaque année, les loups dix aussi ; les lions, cent comme les éléphants ; cinq cent par les hippopotames ; mille par les crocodiles ; deux mille pour les ténias ; dix mille pour les escargots de mer, les punaises, les mouches tsé-tsé ; 25 000 pour les chiens ; 50 000 pour les serpents.... rien à côté des 475 000 humains tués par d'autres humains, 2èmes plus gros prédateurs. Et des 750 000 qui succombent eux des moustiques, leaders planétaires  ! »

Inéluctables ?

Erik Orsenna est alors allé à la rencontre des meilleurs connaisseurs des biotopes d'Amérique latine, d'Afrique, d'Asie et d'Europe (en se mettant parfois dans des situations délicates) pour entendre leurs avis sur le moustique. Au cœur de la problématique : on les tue à coup de chimie, on s'en protège comment, on les transforme génétiquement, on leur raconte des histoires biologiques... Autant de questions passées au crible des meilleurs spécialistes confrontés au quotidien ou chargés d'anticiper l'avenir. L'exercice pourrait être une jubilation de professionnels d'entre soi mais la plume et la curiosité humaniste d'Erik Orsenna en font presque un roman dans l'univers du peu enthousiasmant. Et concrètement ? L'inéluctable est déjà là. Mouvement des populations (touristes ou réfugiés) et réchauffement climatique ont ouvert des boulevards aux moustiques, ceux qui en majorité juste auront le désagrément de nous piquer (les femelles) et celles qui, en minorité, nous transmettrons donc les inamicaux paludisme, zika, chikungunya, dengue... et autres cadeaux fiévreux.

Et on fait quoi ?

Avec des philosophies différentes, des chercheurs du monde entier se penchent sur le problème à travers la planète. Avec des polémiques sur le bien fondé de l'éradication forcenée qui ne servirait à rien à terme puisque le moustique s'adapte ou sa modification génétique qui pourrait entrainer des mutations incontrôlables. Erik Orsenna rappelle des principes de base : bien sûr, ne pas lézarder dans les zones infectées, préférer une couverture du corps par des manches longues de jour et des moustiquaires la nuit... et ne pas se laisser berner par des faux produits. Les bracelets censés écarter les moustiques ne profitent qu'à ceux qui les vendent, les produits sur la peau doivent être renouvelés très régulièrement et ceux à appliquer sur les vêtements ont eux un vrai pouvoir dans la continuité, même au delà des lavages. Quant à la sensibilité de certaines peaux, ce serait un non sens selon les spécialistes : le moustique aime avant tout le CO2 qui sort de notre peau qui que l'on soit et malheur à ceux qui en produisent plus que les autres. Donc on assume tranquillement et pas de problème. Merci Erik.

« Géopolitique du moustique » d'Erik Orsenna avec le Dr Isabelle de Saint Aubin. Ed Fayard. 275 pages. 19€.

 

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