Premier port de commerce italien, Gênes est devenu l’un des principaux hubs croisiéristes en Méditerranée. Chargée d’histoire, la « Superbe » redécouvre son patrimoine, remet en valeur son vieux port et redevient une grande cité européenne.

Paolo Conte l’a chantée dans « Genvova per noi » et Pétrarque, alors qu’elle connaissait son âge d’or, l’a surnommée la « Superbe ». Eternelle rivale de la Sérénissime Venise au Moyen Âge, puis poumon industriel de l’Italie moderne, Gênes se réinvente aujourd’hui en grand pôle culturel et touristique. Il est vrai que cette cité multiculturelle au riche passé ne manque pas de charmes ni d’attrait le temps d’une escale.

Une longue expérience de la croisière

Aujourd’hui, avec Savone, Gênes accueille plusieurs centaines de milliers de croisiéristes par an qui déversent une véritable manne financière dans la région. L’armateur Costa, le numéro 1 européen du secteur, est ainsi basé dans la capitale ligure. Quant aux chantiers Fincantieri, installés ici, ils construisent les plus grands paquebots du monde avec Saint-Nazaire.

Rien de plus normal, puisque ce sont les Génois qui ont inventé en quelque sorte la croisière, dont le nom dérive de croisade. A partir du XIIe siècle, la cité ligure est la seule puissance maritime capable d’assurer la liaison maritime entre l’Occident et la Terre Sainte. Ses navires transportent les pèlerins, les soldats et les marchandises destinés aux royaumes croisés et les Génois s’enrichissent considérablement. Ils développent un véritable empire maritime avec des comptoirs au Maghreb, en Grèce. Ils contrôlent aussi la Corse.

Cité oblique

Coincée entre de haute montagnes, Gênes n’a pu se développer horizontalement. Dès le Moyen Âge, les immeubles du vieux port atteignent sept ou huit étages et l’urbanisme n’a guère changé aujourd’hui. On s’enfonce dans d’étroites ruelles médiévales ou datent de l’ère des grandes découvertes. Elles ont gardé ce parfum d’aventure qui a fait la fortune de la ville. Car l’enfant le plus célèbre du pays demeure Christophe Colomb. Certes, il a « découvert » l’Amérique pour le compte des rois d’Espagne, mais ses derniers étaient considérablement endettés auprès des banquiers et armateurs génois. Sous Charles Quint, les Ligures attendaient les vaisseaux revenant du nouveau monde, chargés d’or, pour se faire payer leurs créances… et proposer de nouveaux emprunts aux Espagnols.

Le XVIe siècle a donc généré une incroyable prospérité dans la cité. Il en reste un patrimoine étonnant, les Rolli, dont 42 ont été classé au patrimoine de l’Humanité. Ces palais étaient mis à disposition des hôtes de la république, comme le stipule une loi de 1576. Il existait d’ailleurs une sorte de classement, comme pour le chambres d’hôtes contemporaines. La plupart d’entre eux se situent aujourd’hui autour de l’avenue Garibaldi.

Retrouver le port

A l’époque moderne, Gênes s’industrialise et délaisse son patrimoine. On construit ainsi une autoroute aérienne entre la vieille ville et les quais… Le tourisme comme la mise en valeur du patrimoine ne sont alors pas des priorités. Une prise de conscience intervient en 1992 pour le cinq centième anniversaire de la traversée de Christophe Colomb. Plusieurs projets structurants sont lancés sous la houlette de l’architecte Renzo Piano, dont la construction d’un magnifique aquarium. Un nouveau musée maritime raconte de manière magistrale le passé naval de la ville. Surtout, les Génois redécouvrent leur port, débarrassé de plusieurs verrues industrielles.

Renzo Piano accompagne ce gigantesque lifting qui s’accélère en 2004, lorsque Gênes obtient le statut de capitale européenne de la Culture. Son nouveau projet, Blueprint, devrait permettre de déplacer l’autoroute et de redynamiser le vieux port avec de nouveaux équipements culturels à destination des visiteurs. De quoi faire de Gênes l’une des destinations les plus excitantes de ces prochaines années.

La Pizzaia de Ferrari est la place principale de Gênes

Christophe Colomb était génois

Devant l'aquarium

La place de la cathédrale

Le vieux port de Gênes s'offre un lifting

 

 

 

Erwan Chartier
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