Malgré une réputation sulfureuse, la capitale sicilienne ne manque pas de charmes. Le temps d’une escale, on flâne dans les quartiers populaires à l’architecture métissée, on admire ses églises baroques et les dizaines de palais qu’hante encore le fantôme du Guépard.

Ce n’est pas sans clichés qu’on aborde au petit matin à Palerme : mafia, saleté, embouteillages… Autant de fausses images qui collent à bien des villes du sud de l’Italie, alors que la réalité est tout autre et qu’elles recèlent bien des merveilles artistiques. Vue de la mer, la cité ne manque ainsi pas d’attraits. Elle apparaît entourée de hautes montagnes aux reflets rosés, placée au cœur d’une vaste plaine autrefois surnommée la Conca d’Oro, la « conque d’or », réputée pour la fertilité de ses sols et ses cultures d’agrumes.

Carrefour de civilisations

Les terres fertiles de la Sicile comme son emplacement stratégique ont attiré les convoitises de nombreux envahisseurs depuis l’Antiquité. Fondée par les Phéniciens, Palerme a aussi subi des influences grecques, carthaginoises, romaines, byzantines avant de connaître un âge d’or avec les Arabo-berbères. Vers l’an mille, elle compte ainsi 300 000 habitants et plusieurs centaines de mosquées.

Cette influence musulmane se retrouve en partie dans son architecture. Le Palais Ziza, construit au xiie siècle abrite aujourd’hui de beaux exemples de céramiques et de bassins mauresques. Elle est aussi présente dans la cathédrale Notre-Dame-de-l’Assomption, bâtie sur une ancienne mosquée, en témoigne ces versets du coran gravés sur l’une des colonnes. De ce bâtiment, on retiendra aussi la superbe porte en bois gravée qui date de la fin du Moyen-Âge.

En 1072, une poignée d’aventuriers venus de Normandie s’emparent de la Sicile et jettent les bases d’un puissant Etat qui va rayonner dans toute la Méditerranée. Ils introduisent l’art roman, tout en attirant de nombreux artistes et savants du monde musulman. L’imposant palais des Normands, à Palerme, témoigne de cette période. Il sert aujourd’hui de siège au parlement régional de Sicile. A quelques kilomètres de la ville, on peut aussi monter admirer le village et la magnifique cathédrale de Montréale, célèbre pour son cloitre et ses immenses mosaïques. Elle offre une vue unique sur l’agglomération de Palerme qui compte, aujourd’hui près d’un million d’habitants.

Palais baroques

Occupée par les Aragonais, les Français et les Espagnols, Palerme connaît une nouvelle phase de prospérité à la Renaissance et au siècle baroque. Il en reste un patrimoine architectural grandiose, complété par les nouvelles constructions de la fin du xixe siècle. Palerme a alors intégré le royaume d’Italie et plusieurs familles dominent la ville, organisant des fêtes somptueuses. Une époque flamboyante, immortalisée par le roman puis le film Le Guépard, dont le héros, le prince Salina, semble toujours hanter la cité.

La ville compte aujourd’hui près de 80 églises et plus de 50 palais. C’est un peu trop pour une escale de quelques heures, aussi conseillera-t-on de flâner dans les ruelles populaires du vieux Palerme et de se concentrer sur quelques lieux. Certains immeubles semblent parfois décrépis, mais ils conservent un charme fou et laissent entrevoir de belles surprises au détour d’une ruelle. Contrairement à sa réputation sulfureuse, la délinquance est faible et la mafia est en net recul depuis les années 1990. Mais pour se donner une dernière frayeur avant de rembarquer, on peut visiter les catacombes du couvent des Capucins. Elles abritent plus de 8000 cadavres momifiés, datant du xvie au xixe siècles… Frisson garanti !

Palerme a été bâtie sur la Conca d'Oro, la coquille d'or, une vaste plaine entourée de hautes montagnes.

Dans le vieux Palerme, immeubles décatis et vieiles églises

Le palais des Normands, siège du parlement sicilien

La cathédrale de Palerme, aux influences multiples.

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Erwan Chartier
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