Après Bibracte et Vix, la Bourgogne dispose d’un nouveau musée d’archéologie qui renforce l’attrait touristique d’un territoire déjà renommé pour son patrimoine, sa gastronomie et son art de vivre.

C’est où Alésia ? « Nulle part ! », répond le chef d’un village gaulois dans une célèbre bande-dessinée et qui préfère se souvenir de Gergovie, l’une des rares victoires celtiques sur l’envahisseur romain. L’anecdote peut faire sourire, mais la question de la localisation du lieu de la bataille a donné l’occasion aux archéologues et aux historiens de s’écharper pendant des décennies dans une querelle dont ils ont le secret…

Symbole national

Revenons en effet à la seconde moitié du XIXe siècle, lorsque l’Europe redécouvre son passé et invente une nouvelle science : l’archéologie. Napoléon III ambitionne alors d’écrire une biographie de Jules César auquel il s’identifie… Il lance un vaste programme de recherches dans l’Hexagone afin de retrouver les lieux décrits dans la Guerre des Gaules.

Si certains sites ne font guère de doute, celui d’Alésia, l’ultime bataille de Vercingétorix, laisse pourtant la place à différentes interprétations. Le combat a été titanesque, puisqu’il aurait vu s’affronter dix légions, soit 50 000 hommes, à près de 300 000 Gaulois. C’est le site d’Alise-Sainte-Reine, en Bourgogne qui est désigné comme lieu de la bataille. Des fouilles permettent de mettre au jour des fortifications autour de la forteresse gauloise et de nombreuses armes sont découvertes. Dans un contexte de nationalisme exacerbé, Napoléon III fait édifier une statue géante de Vercingétorix dont le visage lui ressemble particulièrement…

Au XXe siècle, la localisation d’Alésia est cependant remise en cause, le site paraissant trop petit et peu fidèle aux descriptions de César. D’autres archéologues proposent celui de Sion, dans le Jura.

Un musée moderne et interactif

Aujourd’hui, la plupart des spécialistes s’accordent cependant sur Alise-Sainte-Reine comme site de la bataille qui a mis fin à la guerre des Gaules. Un nouvel espace muséographique a été édifié récemment. Cet étrange bâtiment circulaire a des allures de soucoupe volante déposé dans la campagne bourguignonne. Elegant et cerclé de barres de bois, il s’insère dans un paysage qu’il est supposé expliquer. A l’extérieur, on trouve ainsi une reconstitution des impressionnantes fortifications romaines entourant Alésia et qui ont permis à César de tenir à distance aussi bien les assiégés que l’armée gauloise de secours.

Auparavant, la visite d’Alise-Sainte-Reine se résumait à celle d’un musée archéologique assez vieillot et ruines peu parlantes pour les profanes. Désormais, la nouvelle structure propose un parcours didactique mettant en lumière les enjeux de la bataille et, surtout, une scénographie très pédagogique. On peut ainsi découvrir et toucher des reconstituions d’armes ou d’objets d’époque. Le musée s’attache également à « déconstruire » certains mythes autours des Gaulois.

Le clou de la visite est un film en 3D sur la bataille, l’une des plus belles réalisations en la matière de ces dernières années. On y voit les acteurs expliquer les enjeux du combat, tandis qu’en contrebas, une carte en relief montre les mouvements des différentes troupes… Avec cet équipement, la Bourgogne s’offre un troisième musée sur la civilisation celtique avec Châtillon-sur-Seine (Vix) et le Mont Beuvray (Bibracte), sans oublier son très riche patrimoine historique. Alise-Sainte-Reine est à quelques kilomètres de l’abbaye de Fontenay, témoin des débuts de l’architecture cistercienne et classée au patrimoine mondial de l’Unesco. Sans oublier une gastronomie exceptionnelle à déguster sans modération.

 

Statut de Vercingetorix : photo du MuséoParc Alesia

La ville gallo-romaine : photo du MuséoParc Alésia

Erwan Chartier

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