Sculptées par les vents et les vagues d’Atlantique, les falaises de Moher sont l’un des sites naturels les plus impressionnants d’Irlande et la source de bien des légendes.

En gaélique, on les surnomme Aillte an Mohtair, les « falaises des ruines », ces dernières évoquant à la fois leur aspect de citadelle assiégée par l’océan et ses tempêtes, comme les anciennes fortifications qui en faisaient une vigie et le siège de nombreuses légendes irlandaises. Un site aussi spectaculaire ne pouvait qu’entretenir de nombreuses légendes. L’une d’elles évoque le grand héros Cûchulainn, membre éminent de la Branche rouge d’Ulster, dont la sorcière Mal était tombée amoureuse. Elle l’aurait poursuivi dans toute l’Irlande, jusqu’aux falaises du comté de Clare. Cûchulain aurait sauté pour lui échapper et elle serait tombée sur le rivage. Depuis, l’on dit que la silhouette de la sorcière éconduite se détache toujours au sommet des falaises.

Créatures fabuleuses

Un autre drame se serait joué à proximité, sur la falaise des poulains, lorsque sept d’entre eux auraient disparus dans la mer. Ils étaient les descendants des chevaux magiques de Killcornan. Ces derniers étaient des divinités celtiques qui avaient décidé de se changer en animaux, suite à la christianisation de l’île par saint Patrick et à l’abandon des vieilles coutumes.

Les falaises de Moher abritent d’autres créatures fabuleuses, comme une sirène dont les pêcheurs admiraient la beauté. Un jour, l’un d’entre eux vola la cape magique qui lui permettait de revenir dans la mer. La sirène l’épousa, lui donna deux enfants, mais un jour qu’il était en mer, elle retrouva sa cape et s’enfuit dans l’Océan. Personne ne l’a revue depuis. Une énorme anguille se cachait également dans les grottes marines de Moher. Régulièrement, elle terrifiait les habitants des environs en venant dévorer les cadavres dans les cimetières... C’est saint Macrehee qui parvint à la tuer, donnant son nom à un village voisin.

Un grand site naturel

Vu du ciel, la terre si verte d’Irlande semble avoir été littéralement grignotée par la mer. L’ensemble des falaises de Moher s’étend sur près de huit kilomètres. Leur sommet culmine à 214 mètres au-dessus des vagues. Par temps clair, la vue est extraordinaire, notamment sur les îles d’Aran, la baie de Galway et les montagnes du Connemara. On dit que l’on peut aussi apercevoir la cité engloutie de Kilstiffen qui ressurgit tous les sept ans. Mais gare, car regarder ses toits d’or porterait malheur, au point d’en mourir dans l’année.

L’un des attraits des falaises de Moher réside dans les différentes strates de gness, de calcaire et de schiste qui zèbrent leurs parois et donnent à l’endroit un aspect de mille feuilles haut de plusieurs centaines de mètres. Chacune de ces strates correspond à un événement géologique survenu à l’âge du Carbonifère, il y a 300 millions d’années. Aujourd’hui encore, les falaises de Moher constituent un sanctuaire pour la faune sauvage, particulièrement les oiseaux de mer qui nichent en grand nombre sur les parois. La mer et le vent font constamment évoluer le paysage, creusant des grottes marines ou provoquant des éboulements. La pointe de Branaumore, le « grand pilier de la mer » est le résultat le plus spectaculaire de cette érosion. Ce pic s’élève à près de 67 mètres au-dessus de la mer.

Mise en valeur exceptionnelle

Les falaises de Moher ont très tôt attiré les visiteurs. On ne compte plus les ouvrages qui les décrivent ou les films qui s’en servent comme décors, dont l’un des Harry Potter. Au XIXe siècle, le site devient l’un des emblèmes de l’Irlande romantique et, en 1835, sir Cornelius O’Brien fait construire une tour d’observation face à Branaumore. Aujourd’hui, les falaises de Moher accueillent près d’un million de spectateurs par an. Pour bien les accueillir et protéger l’environnement, un ambitieux programme a été lancé en 2008. Les sentiers ont été balisés et sécurisés par des parapets. Un centre d’interprétation a été creusé dans la colline, à quelques dizaines de kilomètres du site. Il est remarquablement discret dans le paysage et comporte plusieurs salles pour découvrir les curiosités géologiques, naturelles et historiques de Moher.

La pointe de Branaumore s'élève à près de 70 mètres de haut

Battues par les vents d'Atlantique, les falaises de Moher constituent l'un des lieux les plus visités d'Irlande

Le centre d'interprétation des falaises de Moher

 

 

Erwan Chartier
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