La Cornouailles britannique est réputée pour ses jardins aux plantes extraordinaires. Restaurés dans les années 1990, ceux d’Heligan, The lost gardens of Heligan, sont devenus l’une des attractions majeures de la péninsule, dans un soucis de découverte du monde végétal et d’éducation à l’environnement.

L’histoire du domaine d’Heligan, « les saules », en cornique, est celle d’un bois dormant réveillé au début des années 1990 par un entrepreneur philanthrope, Tim Smit. Ancien producteur de musique et futur patron d’Eden Project, d’immenses serres qui attirent plus d’un million de visiteurs par an à quelques kilomètres, il découvre alors le manoir d’Heligan, en surplomb du joli port de Mevagissey. L’endroit est à l’abandon et Tim Smit décide d’entreprendre une restauration exemplaire pour ce domaine vieux de quatre siècles, le tout médiatisée par une série télévisée qui permet de lever des fonds.

En quelques années, il va redonner vie à l’un des plus extraordinaires jardins d’Europe, imaginé et développé par la famille Tremayne entre 1766 et 1914. Le domaine est en effet intimement lié au rapport qu’entretiennent les Britanniques avec la nature et à leur histoire coloniale. Au XVIIIe siècle, la Grande-Bretagne domine alors les mers et son empire s’étend sur tous les continents. Ses vaisseaux sillonnent la planète et en ramènent de nombreux végétaux, particulièrement dans les ports cornouaillais, où le microclimat des vallées côtières permet d’acclimater des plantes parfois fort exotiques.

A l’instar des Tremayne, les aristocrates se passionnent alors pour l’horticulture et se lancent dans des compétitions acharnées pour obtenir les plantes les plus étonnantes. On peut ainsi découvrir à Heligan un curieux dispositif visant à faire pousser des ananas dans des serres chauffées au crottin de cheval…

Parcs et potagers durables

Les jardins ont été restaurés suivant l’aspect qu’ils avaient à la fin de l’époque victorienne. On y trouve ainsi un incroyable bois de rhododendrons, certains d’un âge de plus d’un siècle et demi. Au printemps, le foisonnement des fleurs est unique.  Dans la vallée, baignée par l’air marin du Gulf Stream, d’étonnantes plantes exotiques s’épanouissent, particulièrement dans la « jungle », avec des bananiers, des bambous ou des rhubarbes géantes. Avec ses impressionnants camélias et ses petits ponts de bois, cette partie du domaine a aussi des allures de jardin japonais traditionnel.

Employant une soixantaine de personnes, le domaine d’Heligan n’est pas qu’un simple jardin. En le restaurant, Tim Smit a voulu en faire une vitrine d’une écologie grand public, populaire, le tout avec un certain pragmatisme britannique. On y explique combien le bois est une ressource durable et l’importance du maraîchage bio. Le potager constitue ainsi un véritable conservatoire des variétés locales. Il est un espace de redécouverte des pratiques agricoles, ce qui n’a rien d’une sinécure dans nos sociétés urbaines où le rapport à la terre est de plus en plus ténu. Les fruits et légumes cultivés sur place sont d’ailleurs incorporés dans les produits servis à l’inévitable tea-room du domaine.

Plusieurs artistes contemporains ont travaillé sur les jardins caché d'Heligan

Le potager pédagogique

La jungle d'Heligan a des allures de jardin japonais

Le fort de rhododendrons

A Heligan, l'art contemporain au service du végétal
 

 

 

Erwan Chartier
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