On dénombre près de sept mille nuraghi en Sardaigne, de curieux châteaux forts en pierres sèches remontant à la Préhistoire. Le plus important d’entre eux, Su Nuraxi, est classé au patrimoine mondial de l’Humanité et sa visite est une invitation à découvrir l’intérieur d’une île particulièrement attachante.

Assez méconnus, les nuraghi de Sardaigne (on en dénombre quelque uns dans le nord de la Corse), témoignent d’une brillante civilisation qui s’est développée en Méditerranée occidentale pendant mille ans, à partir du xvie siècle avant notre ère. Les Sardes bâtissent alors plusieurs milliers de forteresses de pierres sèches qui protègent parfois des villages. Il s’agit d’imposantes tours, sans ouverture.

On devait y accéder par des escaliers extérieurs. Mais des marches étaient également aménagées à l’intérieur de murs pouvant atteindre plusieurs mètres d’épaisseur et descendant vers d’obscures cours intérieures. Le sommet de ces forteresses, atteignant parfois 2 à mètres de haut, était crénelé, une particularité architecturale qui ne se répandra que bien des siècles plus tard sur le continent européen. Leur construction a nécessité de solides connaissances scientifiques : ce sont des bâtiments particulièrement robustes qui tiennent grâce au poids des pierres les unes sur les autres et sans aucun ciment ou mortier !

Su Nuraxi, le Parthénon de la Sardaigne

Les archéologues ont recensé plus de sept mille nuraghi sur l’ensemble de la Sardaigne. Le plus impressionnant d’entre eux a été fouillé dans les années 1940-1950 à Su Nuraxi, un site désormais classé au patrimoine mondial de l’Humanité depuis 1997. Il est situé au cœur de l’île, dans la région de la Mamilia, réputée aujourd’hui pour les fresques murales à caractère régionaliste ou social, fréquente sur les murs des maisons des villages de ce terroir agricole. En accédant à Su Nuraxi, on se retrouve au cœur d’un paysage vallonné, au milieu de champs d’oliviers et de céréales, qui ne semble guère avoir évolué depuis des siècles. A quelques kilomètres, on aperçoit le château médiéval de Las Plassas, sur un mamelon, rappelant que la Sardaigne a été longtemps la propriété des Aragonais qui ont succédé aux Arabes, aux Bysantins, aux Romains et aux Carthaginois, ces différents envahisseurs peinant à contrôler une île à forte identité, dont la première culture fut celle des nuraghi.

Identité Sarde

Les Sardes de la Préhistoire qui ont élevé ses bâtiments étaient des agriculteurs, des bergers et des guerriers. Ces fortifications devaient servir de tours de guet, de refuges et de centres politiques et juridiques pour ces communautés. A Su Nuraxi, un vaste village s’est développé autour de la forteresse, avec des espaces sacrés, des habitations et des bâtiments collectifs.

A proximité d’autres nuraghi, on recense généralement des puits sacrés dans lesquels ont été jetés des statues représentant les principales classes sociales des Sardes de l’époque : paysans, commerçants, marins… Les collections extraordinaires de statues nuraghiques constituent l’une des attractions des musées archéologiques de l’île.

Après la conquête de l’île, de nombreux nuraghi continueront d’être des lieux de culte. Jusqu'à une époque récente, ils restaient le siège de nombreuses légendes. Redécouverte à l’époque moderne, la culture nuraghique a été mise en avant par les intellectuels sardes contemporains. La visite de ces sites, particulièrement Su Nuraxi à une centaine de kilomètres de la capitale Cagliari, est une excellente occasion de découvrir l’intérieur d’une île attachante et accueillante.

L'ancien village de Su Nuraxi et, au-delá, les paysages de la Sardaigne intérieure

La tour principale de Su Nuraxi et, en premier plan, le village ruiné

Partir en Sardaigne avec Salaün Holidays

 

Erwan Chartier
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