- Pecheurs en pirogue à Vatomandry, sur la côte est de l’île.
Pecheurs en pirogue à Vatomandry, sur la côte est de l’île.
 
- Rizières et village le long de la nationale 7.
Rizières et village le long de la nationale 7.
 
- Les enfants du village de Maintinandry le jour de la fête nationale.
Les enfants du village de Maintinandry le jour de la fête nationale.
 
- Pêcheurs à Fenerive-est.
Pêcheurs à Fenerive-est.
 
- émurien dans la forêt de Tampolo.
émurien dans la forêt de Tampolo.
 
- Le front de mer de Tamatave avec le port de commerce en arrière-plan.
Le front de mer de Tamatave avec le port de commerce en arrière-plan.
 
- Rivière sur la côte est.
Rivière sur la côte est.
 
- Fougère arborescente dans la forêt primaire.
Fougère arborescente dans la forêt primaire.
 
- Caméléon dans le parc naturel de Mantadia.
Caméléon dans le parc naturel de Mantadia.
 
- Promenade en pirogue sur les Pangalanes.
Promenade en pirogue sur les Pangalanes.
 
- Traversée de zébus devant notre pirogue.
Traversée de zébus devant notre pirogue.
 
- Accueil par les femmes d’un village uniquement accessible par le fleuve Marimbona.
Accueil par les femmes d’un village uniquement accessible par le fleuve Marimbona.
 
- Combat de coqs, un divertissement prisé des malaches qui donne lieu à des paris endiablés.
Combat de coqs, un divertissement prisé des malaches qui donne lieu à des paris endiablés.
 
- L’embarcadère de Soanerania Ivongo pour l’ile Sainte-Marie.
L’embarcadère de Soanerania Ivongo pour l’ile Sainte-Marie.
 
- Enfants d’un village fluvial près de Soanerania Ivongo.
Enfants d’un village fluvial près de Soanerania Ivongo.
 
- Le village montagnard d’Ambatumanga, dans les hautes terres.
Le village montagnard d’Ambatumanga, dans les hautes terres.

 

Antananarive, la capitale malgache, fin juin 2013. Un impressionnant dédale de ruelles pentues, des petites échopes à n'en plus finir qu'on distingue à peine dans la pénombre...Un faux-air de Port-au-Prince, remarque Jean Lallouët, journaliste et voyageur aguerri. La nuit est tombée depuis longtemps au coeur de l'hiver austral lorsque nous prenons la route d'Ambatomanga, notre première étape. Au programme, la découverte d’une région peu fréquentée par les touristes, la côte est du pays. Avec une idée derrière la tête : préparer un circuit solidaire sur l’île rouge, en s’appuyant sur l’expérience accumulée par l’association Amitié Bretagne-Madgascar, depuis une vingtaine d’années.

Le jour se lève sur la maison familiale d’Ambatomanga, dans les hautes terres, à une quarantaine de kilomètres à l'est de la capitale malgache. Un joli village perché sur une colline, entouré de rizières savamment étagées en terrasse, alternant avec des cultures légumières tout aussi soignées. Les montagnards, comme ils se nomment eux-mêmes, sont à l’évidence d’excellents maraîchers. Pas un tracteur à l’horizon, la traction est animale et le fourrage se porte en équilibre sur le sommet du crâne. La route de montagne que nous empruntons se déroule comme une pellicule sur laquelle s’impriment des images inoubliables : charbonniers qui brûlent l’eucalyptus pour vendre un combustible précieux dans un pays où l’essence et l’électricité restent un luxe pour beaucoup, collecteurs de lait à moto, charrettes colorées tirées par des zébus, fours à briques au bord de la route…

 

Une vie rythmée par des gestes et des rites ancestraux, dont le plus fascinant est sans conteste le retournement des morts, une pratique qui consiste à sortir les défunts de leurs tombeaux à intervalles réguliers changer les linceuls et, à travers eux, communiquer avec les esprits des ancêtres. Ceux qui ont la chance d’assister à une de ces cérémonies d’où toute tristesse est bannie – il s’agit de « retrouvailles » - en gardent un souvenir inaltérable.

 

Le cri du lémurien

Direction la côte est avec en chemin une halte dans célèbre forêt primaire de Mantadia. On y observe les célèbres lémuriens, ces primates endémiques de Madagascar, proches de l’homme, notamment par la forme de leurs « mains ». Ceux que nous découvrons au petit matin sont encore endormis, lovés à la cime d’arbres tropicaux. Mary, une guide propriétaire d’une petite chambre d’hôte nous apprend dans un sourire qu’un autre aspect rapproche le lémurien des hommes… du moins de certains : il est lui aussi monogame et vit en famille ! C’est d’ailleurs pour le rappeler au plus grand nombre qu’au réveil, il pousse un cri impressionnant destiné à délimiter le territoire familial.

 

En allant vers la côte est, la forêt tropicale descend vers l’Océan indien et le climat se réchauffe. Aujourd’hui, c’est la fête de l’indépendance, la fête nationale, et les bords de route grouillent de malgaches en goguette depuis plusieurs jours. Les villages de cases sur pilotis aux toitures de feuillage s’étirent le long de la route. On ralentit, les regards sont curieux, un peu timides mais il suffit d’un sourire pour éclairer les visages. Les plus petits, fascinés, préviennent leurs parents : « wahasa, wahasa ! »…comprenez « des blancs étrangers ». La nuit tombe vite et sur le comptoir des petites échoppes de planches qui bordent la route, on allume des petites bougies.

A l’aube, nous assistons à la sortie en mer des pêcheurs en pirogues faites de troncs évidés et à la stabilité douteuse. Après s’être lentement avancés hors de l’embouchure de la rivière, ils luttent pendant des dizaines de minutes pour parvenir à franchir la dangereuse barre de vagues au-delà de laquelle ils pourront pêcher. Sur la grande plage de sable, une scène commune à toutes les mers du monde, leurs épouses, leurs enfants observent, inquiets, la progression de leur proche.

 

A la découverte des pangalanes

Nous sommes attendus à Maintimandry, un village à une demi-heure de piste où Amitiés Bretagne-Madagascar a installé plusieurs puits d’alimentation en eau potable. Nous sommes accueillis comme des dignitaires par les chefs municipaux, religieux et traditionnels du village et par un spectacle de danse donné par les enfants et femmes du village. Un frisson parcourt le président d’AMB lorsque nous sommes invités à prendre place dans les mêmes pirogues que celles entrevues le matin même, pour une balade sur les Pengalane, un canal de 600 km qui relie les embouchures de rivières sur l’Océan indien, au départ de Tamatave.

 

La balade sur le delta de la Sakalina est un moment de pure communion avec la nature. Tandis que le soleil décline par-delà le cordon dunaire qui sépare le canal de l’Océan, les troupeaux de zébus traversent la rivière à la nage sans se soucier de notre pirogue. Pas plus que de celles des derniers fêtards qui rejoignent des hameaux isolés de l’autre côté de la rivière. Une seule voiture dans ce village de 9000 habitats où l’on pratique les paris autour de combats de coqs, où la cuisine se fait à même le sol à deux pas de la case, où la vie est rythmée par la pêche et un peu de maraîchage.

 

Un paradis isolé

La route vers Tamatave traverse des paysages charmants dominés par le Ravinale, « l’arbre des voyageurs », une espèce endémique et l’un des principaux symboles malgaches qui sert à la construction des cases. Tamatave, deuxième ville du pays, conserve un lointain parfum de l’époque coloniale, à travers quelques villas ou anciennes maisons de commerce largement délaissées. Son front de mer, en face de l’immense port de commerce n’est pas désagréable. Les pirogues à flotteur toisent les porte-conteneurs qu’on décharge de l’autre côté de la rade. Tamatave est une étape idéale sur la route du nord, particulièrement éprouvante jusqu’à Foulpointe, une station balnéaire prisée des malgaches, quasiment isolée de Tamatave par l’état désastreux de la route lors de notre passage. Ce serait la faute aux Chinois, qui se sont installés dans la région pour exploiter l’ilménite et ont laissé sur la route des nids de poule qui ressemble davantage à des baignoires à éléphants.

 

La route qui à notre petit hôtel de bungalows, La Ruschia, reprend des couleurs le long d’un littoral tropical vierge de constructions. C’est l’un des seuls spots de baignade sur la côte est. La nôtre sera en nocturne après avoir dégusté une noix de coco et un rhum arrangé servis par le patron de la Ruschia, un francophile affable, ancien cadre au port de commerce de Tamatave.

 

Marimbona, un long fleuve tranquille

Dès l’aube, à travers la végétation luxuriante de la magnifique route côtière, on distingue les pirogues à voile qui sortent pêcher. Après une visite au conservatoire de la biodiversité de la forêt de Tampolo, nous embarquons sur le bateau d’Amitiés Bretagne-Madagascar, pour remonter le fleuve Marimbona et rendre visite à des villages où ont été installés des puits. Les dernières maisons sur pilotis de Soaneriania disparaissent dans notre dos. Face à nous, un sublime paysage de mangrove. Ici et là, des femmes, des enfants font la lessive dans la rivière, des zébus paissent sur les hauteurs. Des piroguiers vont tranquillement entre les villages isolés par le fleuve et ses affluents. Nous accostons sur une berge boueuse protégée par une végétation épaisse. De part et d’autres d’un chemin creux qui grimpe à travers les arbres, les femmes du village forment une haie d’honneur et nous gratifient de chants et de danses de bienvenues. On donne l’accolade au maire, au président-bienfaiteur de l’association bretonne et on nous fait aussitôt asseoir sur la place du village, au milieu des anciens, sous le regard d’une nuée d’enfants fascinés par la venue des Wahasa.

 

C’est de nouveau au son des chants traditionnels que nous quittons les rives du village pour redescendre vers l’océan indien. Sur la cale de Soanerania Ivongo, on répare tranquillement des vieux camions Mercedes sous le soleil tombant. C’est ici qu’on prend le bateau pour Sainte-Marie, un des derniers paradis tropicaux sur terre, promis aux touristes audacieux qui gagnent le village en taxi-brousse au départ de Tamatave. Mais c’est un autre voyage…

Rédacteur du site Salaun mag and news
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