Quel point commun entre Christophe Colomb, l'impératrice Sissi, Winston Churchill ou Cristiano Ronaldo ? Tous ont vanté à leur époque les charmes et la douceur de vivre de Madère. Surnommée l'île aux fleurs pour ses protées et oiseaux de paradis, Madère a bien plus de richesses à dévoiler.

Madère s’est fait un nom sur la planète pour son vin moelleux. Ce serait une erreur grave de s’arrêter à cette réputation méritée. C’est en fait un archipel volcanique surgi du fond des âges à 1000 kilomètres du Portugal, dont il fait partie, et 800 km du Maroc au milieu de l’Atlantique, qui comprend l’île principale de Madère, 727 km2, Porto Santo, 43 km2, les Desertas, ilots inhabités et réserves naturelles de 14 km2, et les plus éloignées Selvagens, 4 km2 aussi désertiques. C’est en découvrant Porto Santo, puis Madère où ils construisirent leur première église outre-mer, la cathédrale Sé, que les Portugais lancèrent les expéditions qui feront d’eux les maîtres des mers avec ensuite des conquêtes en Inde et Amérique, dont le Brésil. Aujourd’hui classée « région ultrapériphérique » de l’Union Européenne, Madère a le statut de région autonome du Portugal et bénéficie de sa propre administration. Avec ses quelque 60 km de long et 25 de large, l’île de Madère a bénéficié d’un plan de transport de l’Europe qui a permis de créer ces dernières années des tunnels et routes, parfois en équilibre au dessus de l’océan, qui ont bouleversé et amélioré la circulation jusqu’alors très compliquée d’un point à l’autre de l’île. Ce sont ces voies qui maintenant permettent de parcourir et visiter l’île en tout confort depuis Funchal.  

Funchal, ville capitale

Avec ses 112 000 habitants et son aéroport international en partie construit sur la mer, Funchal, de « funcho », le fenouil en portugais, une plante qui couvrait le site à sa découverte, s’impose comme base idéale pour découvrir Madère et ses ilots. Un maximum d’1h30 la sépare de tous les points de l’île. Le réseau de transports y est riche mais avant de choisir une voiture de location, la question du démarrage en côte se pose. Qui ne le maîtrise pas s’engage vers un enfer tant les stops et priorités dans les montées, et descentes, incessantes, obligent à un certain art de la conduite. Heureusement, le réseau de bus et cars d’excursion très développé résout tous les problèmes. C’est l’option que nous choisirons avec bonheur. Le quartier du Lido concentre nombre d’hôtels pour une vue exceptionnelle sur la baie. Ce n’est pas le plus élevé de la ville et le port et sa marina se rejoignent en une petite demi heure de marche tranquille. Là, les paquebots de croisières géants croisent les petits dériveurs, la réplique de la Santa Maria de Christophe Colomb et des nuées de pigeons peu farouches sous un ciel inédit. La ville vit en effet deux climats en même temps : grand soleil sur la marina et brumes sur les collines alentours à seulement quelques pas. Un panorama qui peut étonner mais promesse de (bonnes) surprises. Sur la route vers la marina, une statue de Sissi trône dans un jardin. L’impératrice aima se reposer à Madère avec ses proches pour son air pur. Un air iodé qui pénètre agréablement les poumons tout au long de la promenade longeant les quais jusqu’à la station de téléphérique, étape de rêve pour découvrir la ville de haut, au ras des maisons, jusqu’au village de Monte, son jardin tropical aux milliers d’essences, son église typique où est enterré Charles 1er, dernier empereur d’Autriche-Hongrie, et ses toboggans, paniers d’osier qui vous redescendent vers le port. Aussitôt revenu au niveau de la mer, tout près, le quartier historique se découvre avec ses ruelles aux portes peintes par des artistes amateurs de talent et ses cabarets de fado. Au bout, à droite, le Marchado dos Lavadores attend les amateurs de saveurs et senteurs. C’est le marché traditionnel de Funchal avec ses marchandes de fleurs (que la loi oblige à porter le costume traditionnel), de fruits tropicaux, de viande et surtout de poissons, essentiellement des sabres, longs et fins, et du thon que des mastards débitent en tranches à la demande.

 
Madère : île de prédilection de Sissi l’impératrice  !
Madère : île de prédilection de Sissi l’impératrice !
 
Les toboggans de Funchal, paniers d’osier qui vous redescendent vers le port.
Les toboggans de Funchal, paniers d’osier qui vous redescendent vers le port.
 
Marché de Funchal est une véritable institution
Marché de Funchal est une véritable institution
 
Le marché traditionnel de Funchal
Le marché traditionnel de Funchal
 
Quartier du Lido
Quartier du Lido
 
Quartier du Lido
Quartier du Lido
 
Les jardins tropicaux  à Monte,  lieu historique datant du XVIIIe siècle !
Les jardins tropicaux à Monte, lieu historique datant du XVIIIe siècle !
 
le quartier historique se découvre avec ses ruelles aux portes peintes par des artistes amateurs de talent
Le quartier historique se découvre avec ses ruelles aux portes peintes par des artistes amateurs de talent
 
le quartier historique se découvre avec ses ruelles aux portes peintes par des artistes amateurs de talent
Le quartier historique se découvre avec ses ruelles aux portes peintes par des artistes amateurs de talent
 
le quartier historique se découvre avec ses ruelles aux portes peintes par des artistes amateurs de talent
Le quartier historique se découvre avec ses ruelles aux portes peintes par des artistes amateurs de talent
 
Balade dans le centre de Funchal.
Balade dans le centre de Funchal.
 
Le port de Funchal
Le port de Funchal
 
Les caves de Funchal
Les caves de Funchal
 
Le centre de Funchal
Le centre de Funchal
 
Le centre de Funchal
Le centre de Funchal
 
Les fleurs de Madère
Les fleurs de Madère
 
Les fleurs de Madère
Les fleurs de Madère
 
 Les téléphériques de Madère nous offrent des vues panoramiques incroyable de l’île !
Les téléphériques de Madère nous offrent des vues panoramiques incroyable de l’île !
 
De Sao Lourenço à l’est…

Le lendemain matin, Carlos, le chauffeur, a garé son bus au pied de l’hôtel au Lido. Le groupe est sympathique et curieux de partir à la conquête de l’île sous les commentaires de Catarina. Direction l’est. Et même l’extrême est pour la pointe de Sao Lourenço, une une pointe du Raz à la Portugaise, d’où d’un seul regard s’embrassent les côtes du nord et du sud. Continuation vers Porto da Cruz. Sous le soleil, le village protégé par des rochers qu’une promenade aménagée dans la pierre permet de contourner pour profiter de la baie semblerait endormi sans le va-et-vient de petits camions chargés à ras bord de cannes à sucre. La Companhia dos Engenhos do Norte est une des dernières distilleries traditionnelles d’un rhum chaleureux que dans d’anciens alambics, elle prépare depuis des générations. Et décline sous toutes formes de punchs et d’abord, la « poncha », version madérienne à base d’eau de vie de cannes, miel, orange et citron. Carlos n’a pas droit à la dégustation et la troupe reprend le bus dans la gaité générale. Nul besoin de rouler longtemps pour que l’époustouflant panorama de la côte découpée de Faial ne laisse tout le monde bouche bée. Objectif maintenant : Santana, que beaucoup de participants connaissent pour avoir vu en photo les petites maisons colorées au toit de chaume jusqu’à terre. En vrai, le plaisir reste intact. Le retour vers Funchal se fera par l’intérieur. « J’espère que vous avez pensé à prendre un petit pull », avertit Caterina. Et aux arrêts à Ribeiro Frio ou au col de Poiso, on comprend d’un coup pourquoi des marchandes de ponchos (rien à voir avec la poncha !) et gros gilets de laine se sont installées en ces lieux alors que peu de temps avant, nous, nous lézardions sous les belles températures de Santana. Ici, c’est plus de 10° en moins et seule la beauté des paysages montagneux, à moitié dans la brume, motive pour une petite balade. Le retour vers Funchal signifie la réapparition des rayons de soleil et de la mode du t-shirt. Nous connaitrons le même phénomène de chaud-froid deux jours plus tard en traversant à nouveau le centre pour rallier le splendide Pico do Arieiro, à 1800 mètres d’altitude où des randonneurs apparaissent soudain au sortir de l’épais brouillard qui envahit les sentiers. Comme au col Ecumeada ou au village de Curral das Freiras qui doit son nom aux religieuses de Funchal qui vinrent s’y cacher, il y a bien longtemps, pour échapper au viol par des pirates sanguinaires… français.

 
Ponta de São Lourenço : une réserve naturelle sublime
Ponta de São Lourenço : une réserve naturelle sublime
 
Ponta de São Lourenço
Ponta de São Lourenço
 
Porto Da Cruz
Porto Da Cruz
 
Distillerie
Distillerie
 
Distillerie
Distillerie
 
Porto Da Cruz (Port de la Croix) est un village situé sur la côte nord-est de l’île.
Porto Da Cruz (Port de la Croix) est un village situé sur la côte nord-est de l’île.
 
Santana est une jolie petite ville au nord-est de Madère.

Santana est une jolie petite ville au nord-est de Madère.

A Porto Moniz à l’ouest

Le jour du circuit direction ouest est particulièrement attendu par le groupe. Tout au long de la journée, comme à la fête foraine, nous allons circulé par des tunnels en enfilage, des ponts qui s’entrecroisent, avec ici et là un virage au dessus de la mer, en passant par des routes de montagne sinueuses et étroites en aplomb du précipice… l’expérience est nouvelle pour beaucoup mais complètement sécurisée. Tant mieux car le programme est à ravir. Première halte à Câmara de Lobos, petit port de pêche traditionnel où les marins hissent leurs bateaux sur le parking comme des voitures pour un tableau des plus colorés. Justement, c’est depuis une plateforme minuscule, où une plaque rappelle l’événement, que Winston Churchill, dans les années 50, s’adonnait ici à son autre passion, moins connue, la peinture. Mais toujours cigare au coin des lèvres. Il dut goûter l’ambiance survitaminée des bars du port emplis d’interpellations entre pêcheurs pour partager un verre ou quelques calamars séchés. Ou encore se raconter la frayeur d’un instant aperçue sur le visage d’un touriste tout près de là, au Cabo Girao. Au sommet de cette plus haute falaise d’Europe, et 3ème au monde, un belvédère au plancher de verre a été installé. L’hésitation est générale à l’invitation d’y poser le pied. En dessous, la mer s’éclate sur la plage, 580 mètres plus bas. Les plus sensibles au vertige préfèrent alors contempler le littoral, dégagé de part et d’autre de la falaise pour une vue inouïe à 180°. La diversité madérienne explose encore au long du périple : un arc en ciel au dessus de la plage de Madalena do Mar en sortant du couvert d’une visite de bananeraie. Ou une plage de sable à Calheta. Artificielle, car dans l’archipel volcanique, la roche et les falaises règnent en maîtres. (Sauf à Porto Santo, surnommée l'île dorée, à 2h de ferry de Madère et 30 mn d’avion, avec son immense plage de sable de 9 km de long.) Mais restons sur Madère pour tout de même une expérience balnéaire originale. C’est à Porto Moniz, au nord-ouest, que la nature facétieuse a creusé dans les roches des piscines où l’océan se réchauffe vite pour le plaisir des nageurs. L’eau se renouvelle aux marées par des brèches entre rochers. Quelques hôtels ont aménagé ces bassins naturels pour encore plus de confort. Le moment de rentrer au notre est venu mais pas sans un ultime arrêt à Sao Vicente et sa plage de galets que fait chanter la mer...

Camara de lobos, petite ville située sur la côte sud de l’île.

Camara de lobos est un charmant village de pêcheurs.

Porto Moniz, réputée pour ses piscines naturelles volcaniques.

Porto Moniz

Dans la bananeraie de Madalena do Mar.

Cabo Girao, falaise sur la côte sud de l’île

Cabo Girao, la plus haute falaise d’Europe !

Cabo Girao

Sao Vicente

Adeus Madeira !

Une autre journée complète à Funchal n’est pas de trop pour conclure ce périple enchanteur. Le musée Quinta das Cruzes, dans l'ancienne résidence de Joao Goncalvez Zarco, découvreur et premier gouverneur de Madère, est un trésor de la vie passée dans l'archipel entre mobilier, chaises à porteurs, vaisselles d’argent et quotidien des grands explorateurs de retour au port. Avec un plaisant jardin d’orchidées. Juste à côté, autre ambiance au couvent Santa Clara, fondé par le petit-fils de Zarco en 1492, année de la découverte de l’Amérique par Christophe Colomb, pour y enterrer son aïeul. De jolis azulejos et une église avec, au fond de la nef, une large grille de fer qui permettait aux sœurs clarisses (celles qui se réfugièrent à Curral das Freiras, vous vous souvenez ?) de suivre les offices sans être vues des fidèles. Une impression que l’on peut à son tour ressentir en passant par derrière la cloison. Mais il est temps de penser plaisir avant le voyage retour vers la France. Un passage par une des fabriques de dentelles, autre spécialité de Madère, permet de voir l’infini travail que ces ouvrages demandent. Avant de terminer comme tout avait (bien) commencé : une pause Madère... le vin cette fois. C’est chez D’Oliveiras que nous prenons place au milieu d’énormes barriques pour siroter quelques larmes de millésimes prestigieux qui eurent l’élégance de vieillir sans nous attendre. Mais plus jamais sans nous.    

 

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