La capitale économique de l’Ecosse possède deux grands stades, Ibrox et Parkhead, qui accueillent l’un des derbys les plus chauds de la planète football, the old firm, opposant les Rangers et le Celtic FC sur fond de divisions communautaires et religieuses. Les stades des deux meilleures équipes écossaises font aujourd’hui l’objet d’itinéraires touristiques pour les fans de foot.

L’adage dit qu’en Grande-Bretagne, tout le monde se passionne pour le football le week-end, mais qu’à Glasgow, c’est sept jours sur sept… Il est vrai que le poumon industriel et économique de l’Ecosse accueille deux clubs de fitba (avec l’accent local) qui trustent, depuis plus d’un siècle, les trophées nationaux et internationaux : les Glasgow Rangers et le Celtic FC.

Si les Italiens estiment que le football moderne découle de l’antique calcio, ce dernier émerge dans les îles britanniques au milieu du XIXe siècle. D’abord confiné aux publics schools réservées à l’élite, à la fin du siècle, il commence à passionner le prolétariat, notamment à Glasgow qui devient alors l’un centres industriels britanniques avec le développement de la sidérurgie et des chantiers navals.

Bande de copains

Le premier club, les Rangers, est fondé en 1872 par une bande d’amis qui jouaient sur le Green, l’un des espaces verts d’une cité en pleine expansion qui voit sa population décupler entre 1801 et 1901 et atteindre un million d’habitants en 1921. L’équipe remporte rapidement des succès locaux et obtient son stade, à Ibrox, en 1887. Elle devient rapidement la coqueluche des ouvriers des chantiers navals de la Clyde, l’un des bastions du prolétariat protestant.

L’histoire du Celtic est tout autre, puisqu’il est créé, en 1887, par un prêtre catholique dans le but de recueillir des fonds pour les plus nécessiteux. Depuis la Grande Famine des années 1840, des centaines de milliers d’Irlandais catholiques ont quitté leur île, chassés par la misère. Une grande partie d’entre eux immigre vers les USA, mais plusieurs dizaines de milliers trouvent de l’embauche dans les manufactures britanniques, particulièrement à Glasgow. Leurs descendants représentent encore aujourd’hui près d’un tiers des Glasgowiens. 

The old firm

Rangers et Celtic passionnent rapidement les foules. Ils attirent les meilleurs joueurs du championnat écossais. En 1892, le Celtic FC fait construire un stade considéré comme le plus beau du Royaume-Uni : Parkhead. Il peut accueillir 50 000 personnes et il est l’un des premiers à expérimenter les projecteurs, malgré le fait que les ampoules soient souvent cassées par les tirs des joueurs…

Très vite, les deux clubs phares de la ville vont s’affronter. Pour l’histoire, le premier derby a lieu le 28 mai 1888 et il est gagné par le Celtic. Dès 1893, les deux clubs assurent leur hégémonie sur le championnat écossais sur fond de rivalités sociales. Ainsi, en 1897, le comité d’administration du Celtic compte six patrons de pubs, profession particulièrement déshonorante au regard de la morale presbytérienne. L’équipe dirigeante des Rangers est elle représentative de l’establishment protestant : patrons, cadres des chantiers navals, commerçants aisés…

Supporteurs et brake clubs

A la fin du XIXe siècle se constituent les premières organisations de supporters, surnommées brake clubs, du nom anglais du frein à main des voitures à cheval. Les fans louaient en commun ce type de véhicule pour se rendre au match. Les brake clubs sont interdits dans les années 1930 pour lutter contre l’alcoolisme.

Il est vrai qu’au XXe siècle, les derbys glasgowiens prennent une nouvelle dimension en raison des affrontements intercommunautaires. La situation s’aggrave en 1912, avec l’implantation du chantier Harland and Wolf, une entreprise basée Belfast, qui promeut la ségrégation à l’embauche contre les catholiques. La guerre d’indépendance irlandaise, à partir de 1916, n’arrange rien, encore moins les troubles en Ulster à partir de 1968. Les deux clubs deviennent les symboles de leurs communautés. Le Celtic est le champion des catholiques, notamment de la diaspora irlandaise, les Rangers sont associés aux unionistes et à l’identité britannique protestante.

Affrontements communautaires

Les rivalités sportives laissent le pas aux logiques communautaires. Les Rangers n’enrôleront aucun joueur catholique jusqu’en 1989 ! A l’inverse cependant du Celtic dont les protestants Kenny Dalglish, comme joueur, et Jock Stein, comme entraîneur, restent les grandes gloires du club au XXe siècle. Le second a d’ailleurs sa statue devant Parkhead.

Qu’en reste-t-il aujourd’hui, après près de vingt ans de paix en Irlande et de débats sur l’indépendance en Ecosse. Certes, le chant unioniste « Billy boys » retentit dans les tribunes des Rangers, mais ce dernier a perdu de son aura. En 2012, suite à des problèmes financiers, il est relégué en quatrième division. Il a désormais rejoint l’élite écossais, mais peine à retrouver de son statut. Depuis, le Celtic survole le championnat écossais et brille parfois en Europe. Rappelons que les clubs écossais ont remporté plus de trophées européens que les Français avec une victoire en coupe des champions pour le Celtic (1967), une coupe des vainqueurs de coupe pour les Rangers (1972) et pour Aberdeen (1983), alors coaché par Alex Fergusson.

Autant dire que le Celtic stadium et Ibrox park sont considérés comme des hauts lieux chargés d’histoire par tous les fans de football. On peut d’ailleurs les visiter. Le Celtic propose même de joindre l’utile à l’agréable en proposant des billets combinés avec la découverte d’une brasserie de bière voisine…

Le Celtic Stadium fait partie des attractions touristiques

Erwan Chartier
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