Voyager par bateau sur le fleuve Amazone demande de la patience. Pour rejoindre Iquitos au Pérou, depuis Leticia en Colombie, environ 380 kilomètres, il nous a fallu trois jours et deux nuits à bord d’un rafiot hors d’âge, "El gran Diego".

A l'extrême sud de la Colombie, isolée sur les berges de l’Amazone, entourée par la jungle et les frontières du Brésil et du Pérou, Leticia est la capitale du département d'Amazonas, une ville accessible uniquement par avion ou par bateau. Sur la rive gauche de l'Amazone, elle s'est développée grâce au commerce fluvial avec le Brésil et, depuis quelques années, cette petite ville de plus de 40 000 habitants attire de plus en plus de touristes qui souhaitent découvrir les merveilles de la forêt amazonienne.

De Leticia, on peut naviguer jusqu’à Belém, au Brésil, en passant par Manaus. Nous, nous avons décidé de remonter le fleuve, jusqu’à la ville d’Iquitos au Pérou. En réalité, il faut traverser le fleuve en bateau taxi et rejoindre le petit village de Santa Rosa, au Pérou, d’où appareille notre bateau.

 La patience c’est aussi avant le départ, car les bateaux, appelés ici lanchas, et qui servent à la fois au transport des marchandises et des passagers, quittent le port une fois les cales remplies, et non pas à l'heure affichée, quoi qu'en disent les membres de l'équipage. Toutefois, mieux vaut arriver tôt pour choisir le meilleur emplacement où accrocher son hamac. En effet, sur ces bateaux, il n’y a pas de sièges, pas de couchettes, chacun installe son hamac et entasse ses affaires en-dessous. Autant dire que l’intimité est assez relative. Les bateaux proposent à peu près tous les mêmes services, en plus ou moins bien. Le pont inférieur, ou la cale, est réservée aux marchandises, le pont intermédiaire et le pont supérieur aux voyageurs. Le trajet est peu cher, la nourriture est comprise, mais avec six toilettes-douches rudimentaires, pour une centaine de passagers, et l’eau qui provient directement du fleuve, nous avons abandonné tout espoir de nous laver pendant 3 jours.

Aussitôt les moteurs en marche, la frustration de l’attente s'estompe pour laisser place à l'émerveillement devant le spectacle de la jungle qui se déploie sous nos yeux. C'est l'occasion d'y apercevoir des orages magnifiques et des couchers de soleil grandioses. On en vient ensuite à sonder du regard ces rivages à la fois monotones et énigmatiques, guettant le vol du martin-pêcheur ou des nuées de perroquets jacasseurs au crépuscule.

Tout au long du trajet, nous faisons des arrêts réguliers pour débarquer et embarquer des passagers ou de la marchandise. Les ponts se remplissent et se désemplissent au fil des arrêts. Des vendeurs ambulants profitent de ces arrêts pour monter à bord et vendre leurs produits, fruits, poissons grillés, biscuits, sodas, préparations à base de yucca. Ils font parfois un bout de chemin avec nous, puis sont déposés 15 minutes plus loin, où les pirogues du village viennent les chercher. En l'absence de voie terrestre, le fleuve fait office de route et ses aléas régissent le quotidien des habitants.

Une sensation de lenteur infinie dans un espace confiné, loin des distractions de la vie moderne, nous accompagne tout au long du trajet, ramenant le voyage à sa dimension la plus noble. Pendant ces trois jours, n'existent plus que le navire, ses passagers et les éléments qui les entourent.

Vers la fin du troisième jour, nous atteignons la ville d’Iquitos au Pérou. Imaginez un peu: une ville de 400 000 habitants, située dans la forêt tropicale à 1000 kilomètres de la capitale, la plus grande ville au monde totalement inaccessible par voie terrestre.  Le port est digne d’une carte postale des années 30. Des dizaines de bateaux rouillés, prenant marchandises et passagers, s’alignent sur les bords du fleuve. Autour, des porteurs chargés de toutes sortes de marchandises s’affairent entre les camions et les bateaux, courent après une vache en fuite ou haranguent les voyageurs pour les attirer vers leur bateau. Des vendeurs crient en proposant hamacs, eau, fruits, repas complets, journaux et tout autre article enclin à intéresser les voyageurs en partance.

Nous quittons le bateau et sa traversée extraordinaire. L’Amazone nous aura laissé un souvenir impérissable.

L’aéroport de Leticia, Colombie, en pleine jungle amazonienne.

Le bateau "El Gran Diego". Avant le départ, les marchandises sont chargées sur le pont inférieur.

Le capitaine du bateau

La vie à bord : pas de sièges, ni de couchettes, on dort sur des hamacs.

Le fleuve Amazone.

"El Gran Diego" lors d’un arrêt dans un village.

Un des nombreux villages qui jalonnent notre parcours.

Baraquements sur le fleuve.

Baraquements sur le fleuve.

Nous croisons toutes sortes de rafiots.

Après trois jours et deux nuits de traversée nous arrivons à Iquitos, Pérou.

Le débarquement, à Iquitos.

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