La Thaïlande est un paradis pour tout européen quand grisaille et froid plombent le vieux continent. Bangkok est sans doute la mégapole la plus séduisante d'Asie ; le nord du pays invite à rencontrer les anciennes capitales et la nature luxuriante ; et la réputation du sud pour ses plages et ses îles de rêve n'est plus à faire côté sérénité. Sauf par un certain dimanche 26 décembre 2004.

Il y a juste 13 ans, un tsunami géant, suite à un séisme sous-marin de 9,3 sur l'échelle de Richter, se formait au large de Sumatra (Indonésie) avant de dévaster en quelques heures les côtes du sud-est asiatique faisant 220 000 victimes. Il était près de 11h ce lendemain de Noël lorsqu'une vague de 15 mètres de haut s'abat à son tour sur la Thaïlande, 2ème pays le plus touché. Plus de 8000 morts et disparus, pour une grande majorité au long des 20 km de plages paradisiaques de Khao Lak, au nord de Phuket. Treize ans après, les commémorations sont plus que modestes. Un discret hommage des autorités locales et quelques petites délégations étrangères pour se souvenir de leurs ressortissants vacanciers victimes d'alors. Il en va ainsi en pays bouddhiste : les proches disparus restent dans les mémoires mais c'est le présent qui compte. Quant à l'avenir, Bouddha se chargera d'y pourvoir. En un temps record, Khao Lak s'est relevé, de nouvelles routes ont été tracées, des tôles ont permis de rouvrir les boutiques, les hôtels ont poussé à nouveau au long des plages (avec toutefois des normes plus exigeantes), et chacun a repris sa vie comme avant ou presque. Le tourisme est primordial pour l'économie locale et si une baisse de fréquentation fut enregistrée aux lendemains de la tragédie, elle le devait tout autant aux incertitudes politiques que traversait alors le royaume. A l'inverse de la Louisiane, où des circuits en bus sur les lieux des drames de l'ouragan Katrina (en 2005, l'année suivant le tsunami asiatique) prospèrent maintenant, rien de tel en Thaïlande. Pas question de ressasser la douleur passée. Autour des sites emblématiques de la catastrophe, des initiatives ont bien vu le jour mais elles restent privées et les reconstructions ont tout doucement envahi les espaces proches. Quitte à profiter commercialement d'une sensibilité suscitée par les images vues à la télé en 2004. Il importe surtout ici que les plages aient retrouvé toute la splendeur ensoleillée que les vacanciers aimaient à admirer avant. Treize ans après, le bonheur s'affiche donc à Khao Lak comme si de rien n'avait été. Sauf à être un touriste curieux et à organiser soi-même son « tsunami tour ». Sans voyeurisme, juste pour que les victimes humaines sentent peut-être qu'aux moments plaisants d'aujourd'hui, on ne les oublie pas dans cette colère passée de la nature si imprévisible, si incontrôlable. Ainsi va la vie.

Une des plages heureuses de Khao Lak

Le patrouilleur 813 de la police thaïlandaise qui assurait 2 km au large la protection du petit-fils autiste du roi en train de faire du jet-ski a été soulevé par la vague et déposé 2km à l'intérieur des terres. L'équipage s'en sortit. Le corps de l'adolescent noyé fut retrouvé le lendemain. Le bateau a été laissé sur place en souvenir.

Auprès du 813, des explications et photos, reproduites modestement sur bâches plastiques, racontent le tsunami.

Des constructions cachent maintenant le 813 de la vue depuis la route. Pour s'attirer les clients étrangers, commerces et taxis s'y approprient le terme tsunami.

Sur le site de Ban Nam Khem, le plus sinistré au nord de Khao Lak, un mémorial a été construit sur ses fonds par une entreprise allemande. A droite, un mur en courbe figure la vague qui s'abat ; à gauche, un autre honore des victimes, essentiellement allemandes et thaïes, par des plaques où les proches viennent accrocher fleurs ou objets fétiches.

Une statue de Bouddha géante voisine avec le mémorial, dos tourné à la mer.

Quatre kilomètres à l'intérieur des terres, deux énormes chalutiers déposés par le tsunami ont été conservés avec juste une banderole souvent renversée par le vent et une stèle en thaï.

Des panneaux routiers signalent aux touristes les zones à risque et la direction des zones d'évacuation préparées depuis la tragédie.

 

Dans la concurrence commerciale, afficher que l'on était déjà là avant le tsunami est une façon de se différencier.

Les pêcheurs se sont reconstruits de petits ports typiques avec habitations de tôles.

 

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