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Nous interviewons Manuel De Abreu, directeur financier originaire du Portugal. Découvrez ce pays de la péninsule ibérique à travers ses souvenirs d'enfance.

Olá Manuel, como você está ? Olà meninas. Vou bem, obrigado.

Prêt à vous livrer à nos lecteurs du Salaün Mag pour une immersion portugaise à cœur ouvert ? Je suis prêt ! 

Manuel vous avez grandi entre la France et le Portugal, bercé depuis votre plus jeune âge entre le fado et la variété française, si vous aviez quelques madeleines de Proust à nous partager à travers vos 5 sens, quelles seraient-elles ?  

Manuel, citez-nous une œuvre d’art ou un monument portugais qui a marqué votre enfance. 

Qui a marqué mon enfance ? Là où j’habitais il n’y avait pas vraiment d’œuvre d’art, en revanche je me rappelle d’un pont sur la route de Porto, c’est un pont de Gustave Eiffel, le pont Dom-Luís il me semble !  

Quand je le traversais en car, les adultes nous disaient “Attention ! Le pont va trembler, il peut tomber d’un moment à un autre” 

Quelle musique ou quel son vous rappelle vos vacances d’été en famille au pays de Salazar ? 

Contrairement à ce qu’on pense, au Portugal il n’y a pas uniquement le Fado, il y a beaucoup de musique populaire qu’on retrouve dans les fêtes foraines, des groupes de musico qui sont présents en même temps que les danseurs et danseuses en habits traditionnels appelé des ‘ranch’.

Pas de souvenirs du bruit de l’océan ? 

Pas forcément, quand j’étais jeune je n’allais pas à la mer pour faire bronzette ou nager, d’ailleurs je suis très mauvais nageur... J’allais aider ma grand-mère à sortir les algues pour les étaler sur son champ, pour enrichir la terre.  

Si vous aviez une matière, une sensation, qui ferait écho à vos racines, quelle serait-elle ? 

Humm, avec les pieds peut-être ?  

Je suis arrivé en France quand j’avais 8 ans, j’ai vécu 8 ans là-bas en permanence, ensuite c’était seulement pour les vacances. Ce dont je me souviens c'est que mon grand-père n’avait pas de terrain à vignes mais là-bas tout le monde faisait son vin, comme ici on faisait le cidre. 

Donc mon grand-père nous emmenait avec lui faire l’acheteur de raisin, il y avait des producteurs qui vendaient leur raisin, parce que chaque famille faisait son vin pour l’année ! 

Donc il fallait écraser le raisin, on devait se laver les pieds pour rentrer dans une grande cuve et piétiner le raisin, et on faisait la même chose avec ma grand-mère pour les carottes !  

Une gourmandise ? Un plat traditionnel ? Un bonbon ? Ou même un cocktail ? Quel met vous fait perdre votre latin ? 

Tout ce qu’on mange là-bas ! 

Il y a un goût que je ne retrouve plus, c’est de la farine mélangée avec de l’eau et du sang de porc et ça fait des Papes Sarrabulho ! Il y avait aussi du riz au sang de poule !  

Une fois nous étions invités chez ma tante, les enfants étaient tout petits et elle nous avait servi du riz au sang de poule, les enfants ont vu dans leurs assiette une matière toute gluante avec du sang, ce n’est pas vraiment le truc qui les a enchantés le plus !  

Je pense qu’on peut encore en trouver dans certains restaurants du sud du Portugal pour les curieux. 

En humant ce parfum vous n’êtes plus tout à fait là, une odeur, une fragrance, et vous retrouvez ce paysage si familier. 

Quand j’allais en voiture au Portugal, je sentais déjà que j’arrivais chez moi à 50 kilomètres, il y a une odeur particulière qui émane de ce coin, une odeur d’eucalyptus, il y en a partout sur les terrains et les bois. 

Très bien nous saurons quoi t’offrir pour décorer ton bureau !  

C’est aussi avec ça que je jouais quand j’étais petit, 90% de la population était pauvre et c’était nos jouets, on faisait tourner les feuilles, ça faisait des hélicoptères.  

Il y aussi une autre odeur, c’est l’odeur de figuier, il y a des figuiers partout à la bonne saison ! 

This or that ?  

Pastel de nata ou Bacalhau ? Pastel de Nata, j’ai surtout connu ça en arrivant en France, en revanche-je ne connais pas un seul portugais qui ne mange pas de Bacalhau, donc Bacalhau ! 

Porto ou Lisbonne ? J’habite à côté de Porto, mais Lisbonne est ma capitale favorite, de toute les capitales européennes c’est celle où j'aimerai le plus vivre. 

Porto ou Poncha da Madeira ? Brandi ! Personnellement je ne bois pas de Porto et je ne connais pas la Poncha da Madeira, donc Brandi, c’est un peu comme le cognac, on passe des soirées à boire du Brandi 

Cristiano Ronaldo ou Amália Rodrigues ? Malgré mon âge, je n’ai pas beaucoup connu Amália Rodrigues mais je sais que mes parents l’ont connue. Personnellement, je ne suis pas un fan du Fado, mais elle a eu du succès car il y a beaucoup d’immigrés portugais qui sont arrivés en France, en Allemagne ou en Belgique vers les années 60-70 et ils étaient nostalgiques du Portugal, donc ils écoutaient le Fado. En revanche, je ne connais pas un Portugais qui n’est pas fan de Cristiano Ronaldo, les Argentins ont leur Messi mais les Portugais ont leur Cristiano Ronaldo ! Donc Cristiano Ronaldo ! 

Benfica ou FC Porto ?  Je suis du nord du Portugal donc Porto, même si la région d’où tu viens ne détermine pas forcément le club que tu supportes comme en France. Mais le football est une religion au Portugal, certains ne vivent que pour ça.  

Coq de Barcelos ou coq gaulois ?  Coq de Barcelos ! Barcelos est a 13km de chez moi et je connais bien l’histoire ! Il y a eu un crime à Barcelos et on ne trouvait aucun coupable, un inconnu était de passage dans la ville et sans aucune preuve, il a été arrêté, jugé coupable et condamné à être pendu. Il disait qu’il était innocent et à court d’idées pour se défendre, il a demandé une dernière faveur avant sa pendaison. Il a rencontré une dernière fois le magistrat, dans sa salle à manger, au moment où il recevait du monde. Sur la table, le condamné a vu un poulet rôti et a dit « Si je suis innocent, le coq chantera ! ». Tout le monde a ri, mais tout d’un coup, le coq mort s’est levé et s’est mis à chanter. Depuis, le coq de Barcelos est devenu l’emblème du Portugal ! 

Déjeuner sur les falaises de l'Algarve ou plonger dans le Douro ? Je suis plutôt originaire du côté du Douro mais je préfère l’Algarve, 330 jours de soleil par an, la côte d’azur française mais sans les contraintes ! Ils sont spécialistes de la pieuvre surtout à Santa Luzia connue comme la capitale du poulpe de l'Algarve. Ma grand-mère la pêchait, on trouvait la pieuvre quand la mer était basse. 

Selon toi, pour s’imprégner véritablement d’une culture aussi riche que la culture portugaise, quels sont les incontournables à ne pas manquer ? 

Il faut, je pense, cibler les endroits peu connus par les touristes et faire les villes typiques, éviter les caves de Porto, la remontée du Douro est géniale parait-il,  

Merci d'avoir partagé tes secrets avec nous et nos lecteurs.

Au plaisir de se recroiser, un verre de brandy à la main, sur une terrasse de Faro !  

 
Vejo você em breve ! 

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