A Ajaccio, le souvenir de Napoléon Ier demeure bien vivant et la capitale de la Corse affiche volontiers son statut de cité impériale. Depuis plus de deux siècles, tout une activité touristique s’est développée autour des lieux entretenant la mémoire de la geste napoléonienne.

Si, comme chacun le sait, Napoléon est mort à Sainte-Hélène, c’est à Ajaccio qu’il a vu le jour, le 15 août 1769. Son père, Charles-Marie Bonaparte, est l’une des figures de la ville. Il est assez proche de Pascal Paoli, le père de l’indépendance, au point de lui servir parfois de secrétaire particulier. Après la conquête de l’île par les Français, Charles-Marie Bonaparte se rallie au comte de Marboeuf qui a été nommé gouverneur de la Corse. Charles-Marie a aussi épousé une beauté locale, Maria Laetitia Ramollino qui lui donne plusieurs enfants, dont le jeune Napoléon.

Ce dernier reçoit une éducation classique de notable jusqu’à ses neufs ans, entre sa famille, son oncle, l’archidiacre Lucien et le collège d’Ajaccio. Ses titres de noblesse reconnus et grâce à l’influence de Marboeuf, Charles-Marie Bonaparte envoie ses deux aînés, Joseph et Napoléon, dans les collèges militaires d’Autun puis de Brienne. Napoléon ne revient durablement en Corse qu’en 1788. Il est alors le premier Corse à être formé comme officier d’artillerie dans l’armée française.

Attachement à la Corse

Napoléon est alors très attaché à son île natale et il correspond régulièrement avec Paoli, exilé en Angleterre jusqu’à la Révolution française. Jusqu’en 1792, Napoléon et les Bonaparte sont plutôt proche des nationalistes corses. Le futur empereur des Français prend même la tête du 2e bataillon de la garde nationale corse en 1792. Mais en avril 1793, la situation se tend entre son clan et les paolistes. En avril, la famille est contrainte de s’exiler sur le continent. Pour Napoléon débute la brillante carrière militaire que l’on sait et qui le portera aux sommets du pouvoir.

Napoléon ne reviendra que quelques jours en Corse, en 1797, après la fameuse campagne d’Egypte. Après sa défaite en 1814, il pouvait cependant régulièrement apercevoir son île natale, depuis l’île d’Elbe où il avait été exilé. Arrivé au pouvoir, Napoléon s’entourera de Corses et tentera d’apaiser la situation en finançant des travaux d’embellissement à Bastia et Ajaccio.

Lieux de mémoire

Dans Ajaccio, les références à l’empereur sont bien entendues nombreuses, avec plusieurs statues à son effigie. Le parcours napoléonien peut commencer par sa maison natale, mise en valeur par Napoléon III et devenue musée national en 1967. De passage en Corse, en 1840, Flaubert a écrit sur cette demeure :  « Il y a à Ajaccio une maison que les hommes qui naîtront viendront voir en pèlerinage ; on sera heureux d’en toucher les pierres, on en gravira dans dix siècles les marches en ruine, et on cueillera dans des cassolettes le bois pourri des tilleuls qui fleurissent encore devant la porte, et, émus de sa grande ombre, comme si nous voyons la maison d’Alexandre, on se dira : c’est pourtant là que l’Empereur est né ! »

Les visites guidées se font à intervalles réguliers. On peut y découvrir plusieurs collections d’objets dédiées à l’empereur. On peut également en découvrir au musée Fesch, dans le palais construit par l’oncle de Napoléon. Grand amateur d’art, diplomate, homme politique et archevêque de Lyon, le cardinal Fesch a légué plusieurs centaines de tableaux à la ville d’Ajaccio. Nombre d’entre eux représentent l’empereur ou sa famille. On ne manquera pas de visiter le salon d’apparat, la chapelle napoléonienne, le salon des médailles et la très belle bibliothèque.

Le parcours napoléon passe également par le domaine des Milelli, l’ancienne maison de campagne des Bonaparte. C’est dans ce cadre bucolique, entouré d’oliviers, que Napoléon séjourna avec Murat et Berthier à son retour d’Egypte.

Erwan Chartier
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