Le numéro 15 du Salaün Magazine vous emmène au Japon. Mais depuis longtemps, des Japonais ont fait le chemin inverse, tel l'empereur Hirohito chercheur à la Station biologique de Roscoff (Finistère). Une Bretagne qu'a aussi adopté Aki, originaire de Tokyo. Tranche de vie d'une fille du Pays du soleil levant tombée amoureuse de la France.

Fin juin 2019, Aki Moalic, s'est installée près de Plestin-les-Grèves (Côtes d'Armor) avec mari et enfants. Née Ichisaka à Tokyo il y a 40 ans, elle est un symbole de la rencontre réussie entre deux mondes aux antipodes par passion d'enfance et de femme.

Q: pourquoi s'intéresser à la France quand on est une petite fille comme tant d'autres à Tokyo ?

AM : je me suis prise de passion pour la culture française à 13 ans sans que personne autour de moi, ni moi d'ailleurs, ne comprenne pourquoi.

C'était comme cela, un point c'est tout. J'ai appris les bases de la langue seule dans un livre, puis j'ai suivi des cours à l'université de littérature française avec le rêve de découvrir un jour le pays. A 25 ans, cela s'est réalisé avec une proposition de poste d'assistante pour six mois dans une école de Fontenay-le-Comte en Vendée.

Q: et vous êtes finalement restée en métropole ?

AM : c'est un peu plus compliqué ! Dans la résidence étudiante où je logeais en Vendée, nous n'étions que trois à rester le week-end car habitant trop loin de nos familles. Des liens se sont tissés et j'ai rencontré Ronan, un Breton en formation de radiologue, mon futur mari.

Je suis alors entrée à l'université de Rennes II pour y suivre deux ans de cours de français pour étrangers. Jusqu'à ce que Ronan obtienne un poste en Corse où nous vivrons un an et demi. Puis nouveau déménagement pour quatre ans en Nouvelle-Calédonie... bref plutôt que la métropole, j'ai surtout connu les îles françaises !

Q: pas de nostalgie de votre pays natal ?

AM : j'avais fait découvrir le Japon, et ma famille, à Ronan et il avait été séduit. Nous avons donc décidé de nous y installer au terme du contrat en Nouvelle-Calédonie. C'était en 2011. Nous avons refusé la prolongation du contrat de travail, mis fin au bail du logement, fait les valises et organisé une fête d'adieu avec nos amis. Trois jours avant notre départ, un tremblement de terre et un tsunami ravageaient la centrale nucléaire de Fukushima et sa région, faisant des milliers de morts. Plus question de s'y rendre et désormais sans travail ni maison, nous sommes rentrés en Bretagne, bien secoués.

Q: finis les voyages alors ?

AM : bien sûr que non. Cinq ans plus tard, Ronan a été sollicité pour revenir en Nouvelle-Calédonie et nous n'avons pas hésité. Et nous voici de retour en 2019. Si s'installer un jour au Japon n'a pas complètement quitté nos esprits, je ne crois pas que ce soit à l'ordre du jour pour le moment suite à notre mauvaise expérience de 2011... surtout que je trouve la vie très agréable en Bretagne et que j'aurais, je pense, du mal à replonger dans le tourbillon de Tokyo.

Q: pour un touriste français, quelle serait la meilleure saison pour visiter votre pays ?

AM : toutes ! Le printemps pour les cerisiers en fleurs, l'été pour la chaleur, l'automne pour les couleurs des arbres, en particulier du côté de Kyoto, et enfin l'hiver pour la neige et le bonheur d'un bain chaud dans un onsen extérieur dans un paysage tout blanc.

Q: que vous inspirent le San'In et le San'Yo, en vedette dans le Salaün Magazine ?

AM : j'y suis passée toute petite avec mes parents et je me souviens que c'était très beau. Mais ces régions ont longtemps été compliquées d'accès, même pour les Japonais. Tout en bénéficiant d'une bonne réputation d'art de vivre traditionnel. Aujourd'hui y aller est devenu bien plus simple et c'est tant mieux pour les futurs visiteurs qui tomberont forcément sous leurs charmes.

Q: Tokyo est votre ville. Où y emmènerions vous quelqu'un en priorité ?

AM : il existe trois quartiers incontournables pour une première visite et ils sont voisins avec facilité de passer de l'un à l'autre. Harajuku, le royaume des jeunes et du cosplay ; Omotesando, un rien plus chic avec les grandes marques internationales ; Shibuya, une combinaison des deux autres. Tous trois sont très animés et révèlent bien l'esprit de la capitale virevoltante, avec un temps spirituel à rencontrer auprès du temple Shinto de Meiji-Jingu. Ainsi va la vie à Tokyo, vibrante et recueillie à la fois.

Thèmes associés : #Rencontre

Partagez cet article :

0 commentaires