Benjamin Quenelle, journaliste aux Echos, a accompagné durant quelques jours les participants au Voyage du Siècle, Brest -Vladivostok. Il nous livre ses impressions lors de la halte qu'ils ont faite en Mongolie à la rencontre d'une famille mongole.  

Après Paris, Helsinki, Saint-Pétersbourg, Moscou, Kazan, Ekaterinbourg, Irkoutsk, la prochaine halte est… dans la yourte de Jargal et Batsaihan. C’est ici, sous cette tente parmi tant d’autres en pleine Mongolie, que s’est arrêté quelques heures l’autocar du « voyage du siècle ». « Je craignais de m’imposer en ovni occidental tombant dans une famille locale. En fait, cela a été l’un des moments les plus chaleureux de notre périple ! » Ce voyageur ne cache pas son enthousiasme après la rencontre. Après avoir servi du koumys, petit lait au goût piquant si particulier, Jargal et Batsaihan ont parlé de cette vie de nomade immuable. En quête de pâturage frais pour leur six cents moutons et chèvres, 200 vaches, 50 yaks, ils montent et démontent plus de quatre fois par an leur yourte et déménagent leur vingtaine de m2 soigneusement organisés autour du poêle : vieux meubles en bois peint, plusieurs matelas, collections de photos et de médailles d’équitation, ustensiles de cuisine, brosses à dents et cahiers d’école… Sans oublier panneaux solaires et antenne parabolique.

Ainsi, entourés du bétail, ce couple et ses trois enfants ont tout le nécessaire. Loin d’Oulan-Bator où, parfois séduites par les mythes du confort urbain, parfois contraintes de se sédentariser après la perte de leur bétail tué par un hiver trop rude, des familles nomades se sont entassées dans des bidonvilles de yourtes mais peinent à trouver de quoi subvenir à leurs besoins. Dans la steppe, Jargal et Batsaihan vivent modestement mais ne sont pas pauvres pour autant. La traite se fait à la main, assis sur un tabouret en bois. La bouse de vache est conservée en combustible. Petits et semi sauvages, la centaine de chevaux sont attachés à une corde ou galopent autour. Comme partout en Mongolie dont la moitié des trois millions d’habitants vivent encore dans des yourtes et un tiers demeurent de purs nomades, les chevaux sont omniprésents. De père en fils, les hommes les montent pour suivre les troupeaux à travers les espaces aux camaïeux de verts et bruns. Ensemble, hommes et bêtes, ils parcourent la steppe dans l’immensité déserte de ce pays, grand comme trois fois la France, l’un des moins densément peuplé au monde avec deux habitants au km2, mais couvert de bétails errant sur les flancs de montagnes (50 millions de têtes – quinze fois plus que la population humaine…).

Après la Mongolie, c’est direction Oulan-Oude et le reste de la Sibérie pour le « voyage du siècle ». De longues routes à « la découverte d’une autre Russie », confie un passager, fatigué mais heureux par ce périple de cinquante jours touchant à sa fin. « Tout comme en Mongolie, cela nous permet de voir et sentir l’immensité du pays, bien plus diversifié et dynamique que nos clichés d’occidentaux », reconnaît-il. Les verdoyants décors sont plus variés que les habituelles cartes postales de ces contrées réputées austères. « Une des surprises de ce périple entre Brest et Vladivostok ! », se réjouit un autre voyageur, satisfait d’avoir ainsi relevé le défi de joindre par la route l’Atlantique au Pacifique.

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