Cette année 2021 aurait dû être l'occasion de multiples commémorations du bi centenaire de la mort de Napoléon 1er, le 5 mai 1821 à Sainte-Hélène. Pour cause de virus, beaucoup ont été restreintes ou annulées mais dès que les frontières s'ouvriront, chacun pourra partir sur les pas de l'Empereur.

Il y a du blanc et du noir dans l'histoire de Napoléon 1er, réformateur et grand Européen pour certains, dictateur tueur et esclavagiste pour d'autres. La vérité est toujours dans le gris et le commémorer veut dire s'en souvenir ensemble, pas le fêter. Sauf peut-être sur l'île de Sainte-Hélène où un copieux programme de célébrations du plus célèbre des prisonniers avait été mis en place avec accueil de milliers de visiteurs et de centaines de paquebots. Sur le caillou britannique perdu au milieu de l'Atlantique, les trois sites emblématiques de Napoléon, ses lieux de séjour et sa première tombe, sont territoires français avec un consul spécialement affecté. Ces bouts de France vivent au régime sanitaire de Londres, donc pour quelque temps encore fermés aux touristes, français en particulier. D'autant plus que le chemin le plus court pour y parvenir passe par un avion au départ de Johannesburg, en Afrique du Sud et son non moins célèbre variant...

Qu'on l'aime ou pas, l'empereur a marqué nombre de gens au delà de ce que beaucoup imaginent ici. En Asie, aux Amériques, en Afrique, on rencontre toujours un autochtone, quel que soit le pays, pour vous dire : « Ah vous êtes Français. Nous, on connait Zinedine Zidane et Napoléon ! » Certains rajoutent dans le Top 5 Edith Piaf, Joe Dassin ou Nicolas Sarkozy... mais Napoléon, toujours en 1 ou en 2, alors que, hormis une incursion en Egypte, son terrain d'action se limita au continent européen. Mais on le vit partout ou presque en Europe et son passage est resté gravé en de multiples endroits. Et si ça devenait un thème de vagabondages touristiques ?

L'embarras du choix

Direction la Corse bien entendu en première intention. Ajaccio, la ville où il naquit le 15 août 1769, un an jour pour jour après la proclamation du rattachement de la Corse à la France par Louis XV (sinon il serait né Gênois (et cela aurait sans doute changé l'Histoire), lui est toute dédiée : rues, commerces, musées, balades organisées... on respire du Napoléon et sa famille Bonaparte partout. Basique donc. Cinquante kilomètres à l'est des côtes corses, en nageant bien, on arrive sur l'île d'Elbe. Aujourd'hui italienne, elle fut donnée en 1814 à Napoléon après sa première abdication pour qu'il y aille jouer à l'empereur sur ses 29 km de long et 18,5 de large, étroit quand on a gouverné une grande partie de l'Europe. Il y reste 300 jours durant lesquels il recrée sa cour, change tout, les lois, les routes, l'adduction d'eau... jusqu'à s'ennuyer et revenir en France discrètement pour 100 jours. Roi d'Italie en titre durant son règne, Napoléon a beaucoup transformé la botte, pas encore unie à l'époque. Il accapare une grande partie des Etats pontificaux pour en réduction créer le Vatican tel qu'il est ou presque aujourd'hui. A Venise, il renverse les doges, met fin à 1100 ans d'indépendance et vole des milliers d'œuvres d'art, envoyées au Louvre qu'il voulait plus grand musée d'Europe; A Naples, il installe sa sœur Caroline et Murat sur le trône... A Milan, il organise l'achèvement de la façade du Duomo, la splendide cathédrale, dans le but de son couronnement de Roi d'Italie (qui n'aura pas lieu) et à l'entrée du Parco Sempione, on l'honore d'un arc de triomphe majestueux qui ne sera achevé qu'après sa chute mais porte toujours son nom au fronton.

De l'autre côté de l'Adriatique, en Croatie, à Dubrovnik, alors ville-état appelée Raguse, on se souvient de la libération du joug des Russes par Napoléon en 1806. Au Monténégro, à Kotor, le théâtre municipal s'appelle Napoléon, libérateur de la ville. En Albanie, la mémoire est toujours vive du  « régiment albanais », une des forces importantes et fidèles de 1807 à 1815 de la Grande Armée.

A l'ouest de la Méditerranée, il n'est encore que Bonaparte, général de la révolution, quand, sur la route de l'Egypte, il prend possession de Malte et y dissout le puissant Ordre de Malte. En Espagne, à Madrid, le Musée du Prado héberge « el dos de mayo » et « el tres de mayo », deux des plus illustres toiles de Goya stigmatisant les massacres perpétrés les 2 et 3 mai 1808 par l'armée de Napoléon contre l'insurrection espagnole.

En Europe de l'est, en Pologne, à Varsovie que Napoléon avait érigé en duché, le buste de l'empereur trône sur la place qui porte son nom. Plus de 100 000 Polonais, soldats et officiers, firent partie de la Grande Armée. Habitué de la cour polonaise, Napoléon eût une liaison assidue avec la comtesse Maria Walewska qui lui donna un fils, Alexandre, démontrant que contrairement à ce que disait Joséphine De Beauharnais, Napoléon n'était pas stérile. Une révélation qui entraînera le divorce et le remariage avec Marie-Louise d'Autriche. A Vienne donc, il séjourna au Palais de Schönbrunn, résidence d'été des Habsbourg, et c'est là qu'après sa chute fut élevé son fils héritier, duc de Reichstadt, jusqu'à sa mort à 21 ans. Son buste sur son lit de mort y a été placé dans le Salon Napoléon, l'ancienne chambre de l'empereur et Marie-Louise. En République Tchèque, non loin de Brno, le champ de la bataille d'Austerlitz, le 2 décembre 1805, plus haut fait d'armes de Napoléon, se visite avec ou sans guide sur le terrain et dans plusieurs musées. Et on peut faire la même chose en Belgique au Mont-Saint-Jean à Waterloo, où le 18 juin 1815, l'anglais Wellington mit un point final aux ambitions de l'empereur des Français.

Et plus encore

A ces multiples possibilités de voyages (non exhaustives) où Napoléon mit lui-même les pieds, on peut s'en ajouter d'autres en prenant l'Histoire par l'autre bout de la lorgnette. Moscou par exemple, bien visitée par l'empereur, mais dont il ne reste pas de traces puisque les Russes brûlèrent la ville pour l'en faire partir. Londres, que malgré son ardent désir il n'a jamais pu envahir, où la statue de Nelson trône à Trafalgar Square et où les trains arrivent à Waterloo Station (drôle d'idée de donner des noms de défaites à des sites, non?). Enfin, on peut s'inviter aux Etats-Unis. Napoléon hésita bien à s'y rendre après sa seconde abdication pour refaire sa vie mais fit l'erreur de croire berner les Anglais et se retrouva à Sainte-Hélène. Et surtout, on se souvient en Amérique que c'est Napoléon, alors 1er consul en 1803, qui décida de vendre aux jeunes Etats-Unis le territoire français de Louisiane. La Louisiane était alors bien plus vaste que l'actuel état et s'étendait du golfe du Mexique à la frontière canadienne, comprenant les états d'aujourd'hui de l'Arkansas, le Missouri, l'Oklahoma, le Kansas, le Nebraska, plus des terres des Texas, Nouveau Mexique, Minnesota, Dakota du Nord et du Sud, Montana, Wyoming, Colorado... bref 22,30% des actuels USA où 9 villes s'appellent Napoleon. Sans cette vente bradée par Napoléon à 15 millions de dollars de l'époque afin de financer ses guerres, les Etats-Unis seraient restés divisés en deux entre états de l'est et de l'ouest. En prenant un énorme retard sur l'essor économique qui leur permit de venir à l'aide de la France en 1917...

Pour aller plus loin

Selon les spécialistes, il paraît en moyenne un livre par jour sur Napoléon dans le monde, pour raconter, commenter sa carrière, ou en revisiter des aspects précis, et dans la plupart des langues parlées. Un coup de cœur pour un ouvrage qui sort du lot : le « Moi Napoléon » de Vincent Mottez et Bruno Wennagel (Unique Heritage Editions). Sous forme d'un roman graphique (mélange de textes et dessins), Napoléon raconte à la première personne 24 étapes qui ont forgé sa légende, de la Corse à Sainte-Hélène. Gloire, fautes, tragédies, réformes, intuitions, voilà un Empereur plus intimiste qui, nul doute, divisera toujours le monde entre bilan à moitié plein et bilan à moitié vide.

Au Mont-Saint-Jean de Waterloo, un complexe entier raconte la bataille finale, du musée souterrain à la colline surmontée d'un lion rugissant de victoire en direction de la France.

A Milan, l'arc de triomphe d'hommage à Napoléon a été rebaptisé Arco della Pace après la chute de l'empereur, mais son nom est resté gravé au fronton.

La ville fortifiée de Dubrovnik en Croatie fut libérée du joug russe par Napoléon.

Au Palais de Shönbrunn à Vienne, le buste de Napoléon II sur son lit de mort est installé dans l'ancienne chambre de l'empereur et Marie-Louise d'Autriche.

illustrations du livre « Moi Napoléon »

 

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