A notre époque, tout va très vite, l’information, le courrier, les voyages, on se rend à Venise, Prague ou Barcelone le temps d’un week-end.. Nous, nous avons choisi la lenteur et décidé de nous rendre depuis la France jusqu’en Argentine à bord d’un cargo de marchandises.

Il faut compter environ 14 heures pour un trajet en avion entre Paris et Buenos Aires, la capitale Argentine. En cargo, il nous a fallu 25 jours pour traverser l’Atlantique depuis Le Havre, où nous avons embarqué. Le navire, est parti de Hambourg quelques jours auparavant. 25 jours pour faire connaissance et partager la vie de ces marins au long cours. Quand on évoque une croisière, on pense immédiatement à ces grands paquebots de luxe qui peuvent transporter jusqu’à 5000 passagers.

Nous, notre bateau de croisière, est un bateau de transport de marchandises, le "GRANDE AFRICA", 214 mètres de long pour 32,5 mètres de large. A bord, l’équipage est composé de 28 membres. Cinq suédois, au poste de commande et 23 philippins, dont deux femmes, au poste de maintenance. Ce navire appartient à la compagnie Grimaldi, une société italienne, la seule qui accepte, sur cette destination, des passagers accompagnés de leurs véhicules. Car nous avons aussi embarqué notre voiture, un Combi Volkswagen (sponsorisé par les Voyages Salaün), pour ensuite continuer notre lent voyage à travers les Amériques. Ce bateau transporte des véhicules d’occasion pour l’Afrique, d’énormes machines agricoles pour le Brésil et l’Argentine et près de 500 containers. Six cabines doubles sont réservées aux voyageurs. Il peut donc recevoir douze passagers, mais sur ce voyage, nous sommes onze touristes de différentes nationalités. Deux couples de Belgique : Cindy et Kurt, qui ont pour projet de voyager en Amérique du Sud pendant 18 mois avec un camion Mercedes de 1981. Ilse et Johan, partis une année à la découverte de l’Amérique à moto, au départ de l’Argentine jusqu’au Canada. Un autre couple, Christine, franco-suisse et James, anglais, qui vont voyager avec un Toyota 4x4 aménagé, sans vraiment d’idée de durée ni de destination précise. Géraldine et Denis, des retraités anglais qui font l’aller/retour sur ce même bateau, juste pour le plaisir. Julian, un anglais qui voyage seul est lui aussi sans idée précise sur la durée, la destination finale et les moyens de transport. Et enfin, Claudia, mon épouse colombienne et moi-même. Il n’y a pas grand-chose à faire pendant cette traversée, sinon lire, manger, assister au pilotage et fonctionnement du bateau et, depuis notre arrivée à hauteur de l’Afrique, prendre le soleil sur le pont arrière où se trouve une piscine remplie d’eau de mer.

Notre première escale, le port de Dakar, nous l’avons atteint après sept jours de navigation. Quand le navire fait escale, il est possible de descendre à terre et faire un tour dans la ville. Le commandant nous donne l’heure du retour à bord, en général, en fin de journée, le temps, pour les marins et le personnel du port, de décharger les containers, véhicules et autres marchandises. Nous aurons donc l’occasion de visiter Dakar, au Sénégal, Freetown, la capitale du Sierra Leone et au Brésil, les villes de Vitoria, Rio De Janeiro et Santos.

Mais avant d’arriver au Brésil et après treize jours de navigation, nous passons la ligne de l’Equateur. Comme il est de tradition dans la marine, on organise une cérémonie, un simulacre de baptêmes pour les marins qui le traversent pour la première fois. Cette joyeuse cérémonie est présidée par un marin déguisé en Neptune. Chaque marin se voit décerné un certificat attestant le passage de cette latitude 0°. Des jeux sont organisés, et au menu, un grand barbecue avec un cochon de lait à la broche et divers poissons et viandes grillées.

La traversée de l’Atlantique, de Freetown à Vitoria au Brésil dure six jours. Les arrivées dans les ports sont toujours impressionnantes. La plus spectaculaire fut celle de Vitoria où le navire slalome entre de nombreuses petites îles, puis passe sous un grand pont, pour arriver près du centre-ville, face à la cathédrale, où il fait un demi-tour impressionnant pour se mettre à quai. Nous quittons Rio De Janeiro sous un magnifique coucher de soleil et en arrière-plan un décor de carte postale, le Pain de Sucre et le Christ du Corcovado. Quelques jours plus tard nous arrivons à Buenos Aires, notre destination finale à bord du GRANDE AFRICA. Le navire repartira dans l’autre sens, direction Hambourg, après avoir embarqué d’autres containers. Emus à l’idée de quitter ces marins si attentionnés nous sommes aussi contents de retrouver notre véhicule et débuter un autre lent voyage, cette fois-ci par la route, qui nous mènera, d’ici deux ans à New York. Mais ceci est une autre histoire.

Le navire, "Grande Africa", au Havre, avant son départ.

Le chef cuisinier prépare le cochon grillé à l'occasion du passage de l'équateur.

A l'escale de Freetown nous visitons une école

Je profite de notre journée à Dakar pour aller chez le coiffeur

L'arrivée à Vitoria au Brésil

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1 commentaire(s)

De QUÉLEN le 7 mai 2018

Merci pour ce récit de voyage qui nous donne envie de mieux connaître le monde.


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