A un moment où le port du masque à bord des avions peut parfois inquiéter sur le confort d'un vol, souvenons-nous de ces petits agacements qui, il y a encore quelques mois, nous irritaient tant. Et qu'on se prendrait -presque- à regretter. Allez, on embarque façon nostalgie.

Le dormeur du vol

Il promettait d'être un compagnon de vol idéal : à peine sur son siège côté hublot (nous au milieu et allée), il nous a tourné le dos se repliant façon fœtus, tête sur son blouson contre la carlingue, pour plonger dans un sommeil immédiat. Même le décollage ne sembla perturber en rien son corps. Chouette, qu'on s'est dit, le voyage va être de tout repos. Seule l'hôtesse parvint à lui faire émettre un signe de vie lorsqu'il refusa le plateau repas pour se rendormir aussi vite. Un quart d'heure plus tard, le voisin s'étire, se frotte les yeux, scrute l'entrée du repas servie (à manger après le plat principal pour éviter que celui-ci ne devienne froid, comme chacun sait)... et nous signale son désir impérieux de se lever sans attendre. Et c'est dans un véritable exercice de contorsionniste qu'il nous faut nous lancer : d'une main détacher la ceinture de sécurité tandis que l'autre soulève le plateau repas avec sa garniture en équilibre, puis avec la première main relever la tablette puis donner un coup de rein pour se retrouver dans l'allée sous les yeux noirs de l'hôtesse que l'on gêne dans son service aux autres passagers. L'ex dormeur nous y rejoint alors et me force à me plaquer contre un fauteuil, toujours plateau en équilibre en main, pour qu'il puisse passer et aller obliger l'hôtesse à remonter son chariot dans le rang pour le laisser se faufiler... du faux filet, c'est justement ce qu'il y avait sur mon plateau et comme de bien entendu, il chute sur le gâteau de la dame de derrière. L'hôtesse vient à la rescousse pour le nettoyage et nous chipe nos plateaux nous laissant sur notre faim. On se rassoie à peine que le voisin revient, se remet en boule et se rendort. Un quart d'heure après, il appuie sur le bouton d'appel du personnel de bord. Finalement, la faim lui est venue et il réclame le plateau refusé précédemment. Nous tentons un petit somme pendant qu'il se goinfre bruyamment. Puis d'un coup, il tape sur mon épaule et me montre une brosse à dents exhibée en avant et pour la première fois, il parle : « faut que je retourne aux toilettes. Moi, je ne supporte pas de ne pas me laver les dents après manger. Question d'hygiène. Pas vous ? Vous avez tort, une haleine manquant de fraicheur peut indisposer vos voisins. » Abasourdis, on acquiesce par réflexe et on se re-re-lève pour le laisser passer au moment où est donné l'ordre de s'assoir et d'attacher les ceintures de sécurité pour turbulences à venir. Dans l'hésitation, sa brosse à dents tombe au sol et malencontreusement, je marche dessus. A mes excuses, il répond par un sourire : « pas grave, je vais redormir puisqu'il faut s'assoir et après vous vous lèverez pour que je passe un peu d'eau sur ma brosse avant de m'en servir car l'haleine c'est important ! » Il me l'a enlevé de la bouche...

 

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