La Croisière des Bretons met le cap prochainement vers la Méditerranée et le Golfe Persique, l’occasion de découvrir l’une des plus grandes îles des Baléares, Majorque, en basse saison et loin de la cohue de l’été.

Difficile de manquer l’imposante silhouette en arrivant par la mer : l’immense cathédrale de Palma surplombe le front de mer et la vieille ville. Avec le palais royal de l’Almudaina, ils donnent son identité visuelle à la capitale de Majorque et des Baléares et témoignent d’une histoire souvent mouvementée.

Influences orientales

Majorque fut en effet tour à tour occupée par les Carthaginois, les Romains, les Vandales, les Byzantins avant d’être conquise par les Arabes en 903. Ils y restent plus de trois siècles. Leur influence est encore notable dans l’urbanisme et l’architecture, particulièrement dans la capitale, Palma. On y trouve de très anciens bains arabes, les Banys arabs, que l’on peut visiter. Ils datent du Xe siècle et dégagent une étonnante atmosphère de tranquillité au cœur de la vieille ville.

Par son urbanisme, cette dernière conserve également le souvenir de l’ancien médina musulmane. On peut flâner des heures dans les rues étroites autour de la cathédrale et admirer les vieux immeubles aux moucharabis finement décorés. C’est l’occasion de découvrir les spécialités locales et particulièrement la riche gastronomie des Baléares ou de Catalogne. De nombreuses échoppes proposent également des perles. Produites dans l’archipel, elles sont renommées depuis des siècles dans toute la Méditerranée occidentale.

Du gothique à l’art moderne

Au XIIIe siècle, les Catalans et les Aragonais conquièrent l’archipel des Baléares où le catalan demeure la langue majoritaire. Le roi d’Aragon entreprend la construction d’une immense cathédrale à la place de la mosquée de Palma. Il entend remercier la Vierge de l’avoir sauvé de la tempête pendant le voyage. L’édifice est l’un des bâtiments gothiques les plus importants d’Europe et ses voutes culminent à 44 mètres de hauteur. Il ne sera achevé qu’en 1601. Les rois de Majorque construiront également l’élégant palais médiéval de l’Almudaina sur les ruines de bâtiments arabes. Il sert aujourd’hui encore de résidence aux souverains espagnols.

Mais le plus étonnant bâtiment gothique de la ville est sans conteste la Llotja, la « loge de la mer », un chef-d’œuvre d’élégance avec ses nombreuses colonnes en forme de palmier qui donnent l’impression de pénétrer dans une forêt de pierre. Créée par le génial architecte Guillem Sagrera, elle a été construite entre 1420 et 1456 par la guilde des marchands et servait de bourse. A l’époque, les Catalans contrôlaient une bonne partie de la Méditerranée occidentale et s’enrichissaient considérablement grâce au commerce maritime.

Palma a aussi attiré de nombreux artistes, comme Georges Sand qui publia, en 1842, Un hiver à Majorque, célébrant la douceur de vivre des Baléares. Au siècle suivant, le grand architecte Gaudi y a construit plusieurs immeubles Art nouveau, dans son style si particulier. On peut les découvrir à la limite de la vieille ville. La fondation Joan Miró constitue également un incontournable pour les amateurs d’art moderne. Sa belle-famille étant originaire des Baléares, cet artiste majeur du XXe siècle y a installé son atelier à partir des années 1950. Dans les années 1980 il l’a légué pour en faire un musée et un centre de documentation en le dotant de 6.000 de ses œuvres.

L’autre Majorque

Le temps d’une escale permet aussi de partir à la découverte d’une autre Majorque, particulièrement sa partie nord-ouest. On y trouve le massif de Transmuntane qui culmine à 1500 mètres. Il est classé comme paysage mondial de l’Humanité par l’Unesco en raison de sa faune et sa flore exceptionnel, ses gouffres, ses grottes et les jardins et vergers suspendus au-dessus des falaises.

Une étape à Valldemossa s’impose enfin. Sa belle chartreuse du XVIIIe siècle a accueilli Georges Sand et Fredéric Chopin en 1838-1839. C’est là que ce dernier a composé l’essentiel de ses Préludes. Le bâtiment propose plusieurs espaces muséographiques.

Le charme de la vieille ville.

Erwan Chartier
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