Petite ville située à quelques kilomètres de Bilbao, Guernica demeure tristement célèbre pour le bombardement qui l’a ravagée, il y a tout juste 80 ans. L’émotion était palpable, le 26 avril 2017 dernier, dans ce joli bourg qui demeure la capitale symbolique du pays Basque et ne manque pas d’attraits.

Le bombardement de Guernica est resté comme l’un des épisodes les plus tristement célèbres de la guerre d’Espagne. Le 26 avril 1937, 44 avions allemands de la légion Condor et 13 appareils italiens se dirigent vers la petite ville basque, où le traditionnel marché du lundi s’est tenu le matin. De nombreux paysans des environs sont restés dans la ville qui n’a guère d’intérêt stratégique, même si elle se trouve sur la route de Bilbao, la grande cité industrielle, bastion républicain, que les Franquistes tentent de prendre. Mais elle possède une haute valeur symbolique pour les Basques. De plus, les Allemands veulent tester les capacités de leurs nouveaux bombardiers et de l’efficacité des bombardements massifs.

Déluge de feu

Vers 17 heures, pendant deux heures, les appareils lâchent près de soixante tonnes de bombes explosives et incendiaires sur les habitations. Ce déluge de feu ravage les maisons et les immeubles qui sont détruits à près de 70 %. Si les défenses anti-aériennes sont très faibles, la majeure partie des habitants a pu se réfugier dans des abris. Aujourd’hui, les historiens estiment entre 300 et 700 morts le nombre de victimes, un chiffre moindre que celui du reporter du Times, Georges Steer, qui arrive très vite sur place après le bombardement. Son témoignage émeut le monde entier. Guernica entre à la postérité comme le premier bombardement massif sur des civils. Ce dernier est considéré comme un acte délibéré de terrorisme visant des civils.

En hommage au martyr de Guernica, Picasso a peint l’une de ses toiles les plus célèbres, aujourd’hui exposée à Madrid, au musée de la reine Sofia. Quant au gouvernement espagnol, il a reconnu le drame en 2004, bien après la chute du franquisme.

Ville symbole de la paix

Petite cité de 16 000 âmes, Guernica conserve aujourd’hui le souvenir de ce drame. En 1998 a été inauguré un émouvant musée de la paix. A travers des expositions didactiques, sa visite (comptez une heure), revient évidemment sur le bombardement et la guerre civile. Il évoque aussi l’histoire des mouvements en faveur de la paix, ainsi que de ses grands militants (Gandhi, Martin Luther King,...). La ville remet également un prix pour la paix et la réconciliation. Cette année, il récompensait les acteurs de la fin du conflit en Colombie.

Si Guernica a été pris pour cible, c’est avant tout parce qu’elle demeure la ville symbole des Basques. Du Moyen Âge jusqu’à l’époque moderne, c’est ici que les rois de Castille venaient prêter serment de respecter les droits et les libertés des Basques. Ils le faisaient sous un chêne, dont le descendant pousse actuellement devant le parlement de Biscaye, un bâtiment qui abrite un musée sur l’histoire basque. A proximité, on peut déambuler dans le joli parc des peuples d’Europe. On y trouve des sculptures monumentales d’Edouardo Chillida et d’Henry Moore.

Le meilleur moment pour visiter Guernica est le lundi, jour du grand marché qui attire des milliers de personnes. L’occasion de découvrir une ville chargée d’histoire, aux multiples attraits et au cœur de l’âme basque.

L'arbre de Guernica, symbole des libertés basques

Le musée de la paix à Guernica

Dans toute la ville, des choeurs basques participaient aux commémorations

Les drapeaux basques étaient en berne, le 26 avri dernier, pour commémorer le bombardement de Guernica

 

Erwan Chartier
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