Depuis plus de deux siècles et demi, la bière brune de Dublin est devenue l’un des symboles de l’Irlande et un incroyable succès international. La brasserie de Saint James, près de la Liffey, demeure l’une des grandes attractions de la capitale de la verte Erinn

L’une des plus extraordinaires aventures industrielles dans les pays celtes commence le 31 décembre 1759. Ce jour-là, un jeune homme entreprenant de 34 ans, Arthur Guinness, signe un bail de 9000 ans pour un loyer de 45 livres. Il souhaite louer Saint James brewery, une vieille brasserie du xviie siècle, à l’est de Dublin. En 1770, Arthur Guinness commence à brasser une nouvelle bière, dont la recette vient de Londres, la porter. Avec une plus forte teneur en houblons qui lui confère son amertume caractéristique, la nouvelle Guinness présente une belle couleur sombre, comme les flots de la Liffey voisine. Elle rencontre un succès certain avec sa « robe noire et son col de prêtre » et sera par la suite commercialisée sous le terme de stout.

Le vin de l’Irlande

C’est une belle affaire qu’Arthur Guinness lègue à sa mort, en 1803, à son fils, Arthur II. Ce dernier continue à la développer notamment à l’international vers l’Amérique du Nord et les colonies britanniques. En 1820, en pleine crise économique, Arthur II fait un pari risqué, celui de la qualité. La concurrence disparaît et le succès est au rendez-vous. La Guinness devient le « vin de l’Irlande » chanté par les poètes. Irlandaise la Guinness ? S’il est vrai qu’elle n’a pas le même goût dans les pubs de l’île verte qu’ailleurs dans le monde, la célèbre stout s’est très vite internationalisée. Au xixe siècle, le groupe connaît une croissance mondiale étonnante, notamment en Amérique du Nord, terre d’immigration irlandaise, mais aussi dans tout l’empire colonial britannique. En 1870, seule 10 % de la bière est brassée en Irlande. A la veille de la Première Guerre mondiale, Guinness est la première bière brassée dans le monde avec plus de trois millions de barils produits chaque année.

Passée aujourd’hui dans le giron de grands groupes internationaux, la célèbre brasserie dublinoise reste un acteur économique de poids à Dublin. Et la stout Guinness demeure l’un des grands symboles de la convivialité irlandaise :il s’y vend plus d’un million de pintes chaque année !

 

Le centre d’interprétation Guinness à Dublin

La brasserie Guinness de Dublin constitue l’un des moments incontournables de la visite de Dublin. Un centre d’interprétation a été aménagé dans l’un des bâtiments emblématiques, le Guinness Storehouse, bâti en 1904 et qui servait à la phase de fermentation jusqu’en 1988. A l’intérieur, sept étages ont été aménagés dans une structure en forme… de pinte. On y apprend tout de la fabrication de la bière, avec notamment une cascade à l’extrémité du tuyau qui amène l’eau pure des monts Wicklows. On y découvre ensuite l’histoire de la marque et un étage entier est consacré aux publicités Guinness, avec notamment l’otarie et le toucan qui ont fait la notoriété de la marque. En 1929, en pleine crise économique, Guinness a en effet décidé de consacrer un important budget à la communication à travers des publicités souvent humoristiques (c’est toujours l’une des marques de fabrique de la marque !), ce qui va lui permettre de survivre et de se développer à nouveau. Aujourd’hui encore, le marketing reste l’une des forces de l’entreprise, à l’image de l’impressionnante boutique qui propose toute sorte d’objets estampillés Guinness. A l’avant dernier étage du centre, on peut intégrer la Guinness academy afin d’apprendre à servir la pinte parfaite, diplôme à l’appui, puis on peut monter l’apprécier au septième étage, un bar panoramique qui offre une vue époustouflante sur la capitale irlandaise.

 

A l'intérieur du centre Guinness

La Guinness academy !

Un car Salaün devant la brasserie Guiness

 

 

Erwan Chartier
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