Halloween n’est pas que la fête des enfants et de commerçants. Profondément enracinée dans l’imaginaire celtique et occidental, la grande fête du début de l’hiver plonge de nombreux endroits du monde dans une atmosphère tout à tour festive, familiale et licencieuse à même de pimenter un voyage.

 

Halloween est une fête désormais célébrée dans le monde entier. Cependant, jusqu’au XIXe siècle, elle était surtout l’affaire des pays celtiques, où elle est née, il y a plusieurs milliers d’années. En gaélique d’Irlande et d’Ecosse, on l’appelle Samhain, tandis qu’au pays de Galles, en Cornouaille et en Bretagne, elle évoque les calendes de l’hiver, Kalañ goañv en breton. A ses lointaines origines dans l’antiquité celtique, la Samhain marquait la fin de la saison des récoltes, le début de la saison sombre et la nouvelle année. On stockait le fruit des moissons, abattait une partie du bétail tandis que l’autre revenait vers les basses-terres. D’après des textes irlandais du Xe siècle, les tribus celtes organisaient alors de grandes libations, des feux de joies, des jeux et autres réjouissances qui n’avaient rien de sinistre. Dans la nuit du 31 au premier novembre, les Celtes pensaient cependant que les portes de l’au-delà s’ouvraient permettant ainsi aux esprits des disparus de revenir parmi leurs proches. Et pourquoi pas de boire un verre ou se refaire une santé après des années d’errances dans me monde des esprits ? On laissait donc portes et fenêtres ouvertes et des offrandes à disposition. Jusqu’au XXe siècle, en Bretagne, certains laissaient par exemple le feu allumé pour réchauffer les morts de passage, ainsi que des crêpes et du lait sur la table. Ces offrandes sont peut-être à l’origine des collectes réalisées de maison en maison par des personnages déguisés, représentant les esprits ou destinés à chasser les démons, leprechauns, korrigans et autres lutins maléfiques qui étaient eux-aussi de la fête. A moins que la quantité de boissons et de nourriture ingurgitées pour la Samhain ne soient à l’origine de ces vastes collectes devenues le privilège des enfants beaucoup plus tard. De là serait né le célèbre Trick or treat,  « une offrande ou un mauvais tour », pratiqué le 31 octobre au soir par des apprentis fantômes aux quatre coins du monde.

 

Une tradition voyageuse

Au grand désarroi de l’église chrétienne, les rites et traditions de la Samhain ont survécu à la création, au IXe, siècle des fêtes de la Toussaint qui étaient sans doute destinées à les supplanter et les assagir.

En prenant le nom d’Halloween, elles ont ensuite gagné l’Angleterre puis les États-Unis au XIXe et XXe siècle à la faveur de l’émigration massive des Irlandais dans ces pays. Les citrouilles ont remplacé les navets et les aspects les plus lugubres des fêtes celtiques ont fait naître un Halloween de plus en plus porté sur les sortilèges, les monstres et le morbide, tout en devenant un évènement partagé, en famille et au-delà.

Qui a la chance de voyager à la période de la Toussaint, et pas seulement dans les cimetières, se rend compte que cette fête est désormais célébrée dans le monde entier, par les enfants mais aussi les étudiants, dans les bars, les restaurants et la rue. Des villes comme Amsterdam, Ostende, Londres ou Prague baignent dans une ambiance endiablée qui rappelle un peu le Nouvel an et ne lésinent pas sur l’hémoglobine et les tenues subversives.

Sur ses terres d’origine, c’est à Derry, en Irlande du nord que les festivités sont les plus spectaculaires avec force défilé, feux d’artifices et musique. On fête aussi la Samhain avec conviction à Édimbourg avec un festival dédié et des spectacles autour du feu sur la colline de Calton. L’ambiance est délibérément païenne et fait une large place aux percussions, à la musique et à la danse. En Bretagne, une bière brune symboliquement baptisée la XI.I, titrant à 11,1° est même brassée par la brasserie Lancelot pendant la nuit d’Halloween.

Outre-Atlantique, on ne sera pas surpris d’apprendre que la ville de Salem, dans le Massachussetts attire les plus mordus tout au long du mois d’octobte. On sait moins qu’à Los Angeles, un immense défilé déconseillé aux âmes sensibles rassemble un demi million de personnes à Hollywood ou que les studios d’Universal se métamorphosent pendant un mois en grande boutique des horreurs, comme beaucoup de parcs d’attractions au monde, dont les parcs Disney. A Long Beach, toujours en Californie, de gigantesques labyrinthes peuplés de monstres sont installés sur Dark Harbour, le quai qui accueille le Queen Mary, le paquebot-hôtel qu’on dit le plus hanté au monde.

A New-York, depuis 1974, Halloween fait vibrer Lower Manhattan avec un gigantesque défilé et une ambiance débridée dans les pubs du « Village ». Halloween a aussi naturellement trouvé une terre d’accueil à la Nouvelle-Orléans, où le syncrétisme religieux a donné naissance à de multiples traditions dont le célèbre Mardi-gras. Dans la ville la plus hantée du pays, c’est dans le Faubourg Marigny, un quartier festif et authentique à deux pas du French quarter, que les esprits les plus festifs s’en donnent à cœur joie, dans une cité où tout est déjà permis !

On s’amusera aussi de certaines étapes plus récentes du grand tour du monde entrepris par la vieille fête des Celtes : en France, depuis 1996 la ville de Limoges, dans le Limousin, organise un festival consacré à Halloween qui attire près de 50000 visiteurs !

Et que dire de la vibrante scène Halloween de Bangkok, la capitale thaïlandaise ? Au moment de l’année où, comme par magie, la lumière du soleil levant s’aligne avec l’entrée de certains mégalithes de la colline de Tara en Irlande, à Bangkok, Halloween éclaire le quartier de bars de Silom Soi avec une grande fête de rue auxquelles participent Thaïlandais, expatriés, et voyageurs. De quoi tourner citrouille !

 

 

Rédacteur du site Salaun mag and news

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