Recherchés pour leurs formes étranges et leur résine de couleur rouge, le « sang dragon », les dragonniers sont l’un des symboles des îles Canaries, particulièrement de Ténérife, où certains arbres sont vieux de mille ans. Ils témoignent de l’extraordinaire richesse botanique de ces îles.

Le dragonnier des Canaries est un arbre décidément bien étrange. Autour du tronc, les branches connaissent des périodes de croissance tous les dix ou quinze ans. Elles finissent par lui donner une forme de parasol, tandis que des racines aériennes en retombant, viennent fusionner et consolider la tige centrale. De loin, les branches entremêlées peuvent évoquer des serpents, ce qui lui a valu son nom de dragonnier, dérivant du grec draco, « grand serpent ».

Le sang dragon

Les premiers explorateurs européens qui ont visité les Canaries au XVe siècle n’ont pas manqué d’évoquer ces arbres étonnants qui étaient vénérés par les autochtones, les Guanches, une population d’origine berbère. Ces derniers utilisaient la résine des dragonniers pour momifier leurs morts qui étaient ensuite inhumés dans des grottes, particulièrement nombreuses dans ces îles volcaniques.

De couleur rouge, la résine de dragonnier est rapidement devenue un élément recherché dans la pharmacopée occidentale. Le « sang dragon » était réputé efficace pour lutter contre les maux de ventre ou soigner les plaies. L’arbre la sécrète lorsqu’on lui inflige une blessure ou s’il est attaqué par des insectes. La médecine moderne a d’ailleurs confirmé que cette résine possédait des propriétés thérapeutiques intéressantes.

Désormais protégés, les dragonniers sauvages sont une espèce en voie de disparition, victime de la surexploitation de la résine ou de la collecte intensive de graines. Nombre d’arbres anciens ont été transplantés auprès des hôtels et des résidences touristiques qui ont fleuri dans l’archipel depuis les années 1960.

Décrit par le grand savant allemand du XVIIIe siècle, Humbold, le dragonnier d’Icod de Los Vinos est l’un des plus vieux arbres du monde. Il aurait plus de mille ans et mesure une vingtaine de mètres de haut. Aujourd’hui, on peut l’admirer au milieu de son parc depuis un belvédère et il est devenu le symbole et l’un des lieux les plus visités de Ténériffe.

Jardin des Hespérides

Si les dragonniers fascinent autant, c’est peut-être parce que les Canaries furent longtemps associées au mythe de l’Atlantide ou au jardin des Hespérides, sorte de paradis perdu des Anciens. Il est vrai qu’en matière végétale, elles offrent une étonnante variété de plantes en raison des différents climats qui règnent sur ces îles, en fonction de leur exposition ou non aux vents humides des alizées et de l’altitude qui peut atteindre jusqu’à 3000 mètres à Ténériffe, une île où l’on cultive aussi bien la vigne que les bananiers. Les extraordinaires vignobles de Lanzarote, au milieu de paysages volcaniques arides, constituent un autre paysage particulièrement remarquable.

L’archipel possède des plantes endémiques ou importées, notamment des palmiers, plusieurs variétés encadrent l’une des principales artères de Santa Cruz de Ténérife . Particulièrement résistant aux outrages du temps, le pin des Canaries s’épanouit au-dessus de mille mètres. Il a servi à la construction des maisons anciennes, comme celles de La Laguna, l’ancienne capitale. Base arrière des grandes expéditions espagnoles de la Renaissance, les Canaries ont vu également l’arrivée de plantes venues de contrées lointaines. On peut en admirer un certain nombre au jardin d’acclimatation de Puerto Cruz sur la côte nord de Ténérife.

Le dragonnier millénaire de Icod de Los Vinos.

Les oiseaux du paradis ornent de nombreux jardins des Canaries.

Erwan Chartier
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