Le Japon est encore à découvrir
L'engouement des Français pour le Japon ne cesse de croître mais la plupart se concentre autour des mégapoles de Tokyo ou Kyoto, et de sites classiques comme le Mont Fuji ou Hiroshima. Pourtant le Pays du Soleil Levant est bien plus que cela et veut maintenant faire découvrir un Japon traditionnel et authentique, telle la région du San'In.
Au nord du cœur de la pointe sud-ouest de l'île d'Honshu, le Chugoku, à 650 km de Tokyo, le San'In regroupe les préfectures de Tottori et Shimane, et 1,2 million d'habitants.
On y retrouve les images qui identifient le Japon aux yeux du reste de la planète : une politesse infinie, des volcans enneigés, des cerisiers en fleurs, des jardins d'eaux et de carpes, des mers bleues saupoudrées d'îlots, des femmes drapées en kimonos... Dans le San'In, on est moderne mais à l'aune de la tradition. Après la Coupe du monde de rugby cet automne, le Japon sera l'hôte des Jeux Olympiques 2020 du 24 juillet au 9 août. Des occasions de plus de faire le pas vers des régions encore à l'écart de trop de circuits où l'éblouissement n'attend que le regard des visiteurs. En cela, le San'In est bien le phare de la Mer du Japon... et sera en vedette dans le prochain Salaün Magazine.
Pour un avant goût de ce Japon traditionnel trop longtemps oublié des visiteurs étrangers, nous avons demandé sa parole d'expert à Tsutomu Matsumura, le directeur de San'In Tourism Organization, la structure en charge du développement et de la promotion.
Q: comment expliquer que le San'In soit resté si longtemps en dehors des grands itinéraires des touristes ?
TM : c'est essentiellement une question de transports. Notre région ne dispose pas d'aéroport international et les liaisons pour nous rejoindre depuis d'autres villes n'étaient pas très bien coordonnées. Sans oublier, le bien vivre qui règne chez nous et donc l'absence d'urgence à aller chercher des visiteurs pour l'économie locale.
Q: ce problème de transport et d'ouverture a été réglé récemment, non ?
TM : il y a eu une volonté nationale d'ouvrir davantage le Japon et d'en faire découvrir d'autres facettes en dehors des métropoles que nombre de touristes connaissaient déjà. Localement, cela s'est exprimé par la fusion en 2016, sous l'appellation régionale originelle de San'In, des Offices de tourisme des préfectures de Tottori et de Shimane qui jusque là œuvraient chacune de leur côté avec des moyens limités. D'autant plus que certaines merveilles se trouvaient sur l'une mais étaient plus accessibles en passant par l'autre... une concurrence stérile qui a pris fin par des circuits parcourant les deux préfectures.
L'autre aspect primordial fut la mise en place de vols intérieurs calqués sur les vols internationaux à l'arrivée à Tokyo. Et de trains et bus faciles et rapides pour les personnes débarquant à l'aéroport d'Osaka. Des transports que les touristes peuvent emprunter à tarif réduit en présentant une réservation hôtelière dans le San'In.
Q: trois ans seulement de cette nouvelle organisation, vous en voyez les premiers effets ?
TM : nous avons déjà beaucoup gagné en visibilité et les étrangers sont surpris d'apprendre tous nos atouts aussi bien en sites exceptionnels qu'en art de vivre. Comme les Japonais fréquentaient eux déjà le San'In, les infrastructures routières et les capacités hôtelières sont au top depuis longtemps. Donc pas de problèmes pour accueillir un flux nouveau de visiteurs qui se ressent aujourd'hui. Et leurs avis positifs nous confortent.
Q: que pensez-vous qu'ils viennent chercher dans le San'In ?
TM : un Japon authentique, traditionnel et divers ! La mythologie et la musique japonaises sont nées ici. De belles plages en bord de mer du Japon, du ski juste en tournant le dos vers le mont Dassen, des randonnées à l'assaut de temples, des rencontres avec la spiritualité, des visites de châteaux emblématiques, des expériences gastronomiques, des soins en sources d'eaux chaudes, des sites classés par l'Unesco...
le San'In, où ont été créés les mythiques sabres japonais, est un condensé de l'âme japonaise authentique. Je le dis souvent à mes interlocuteurs : « vous connaissez Tokyo, Kyoto, c'est bien mais vous ne connaissez pas encore le Japon : il est ici dans le San'In ».
