Train touristique devenu symbole de l’identité catalane, le « canari » relie la plaine du Roussillon au plateau de Cerdagne à 1500 mètres d’altitude. Un trajet enchanteur à travers des paysages époustouflant jusqu’à la plus haute gare de France.

Le train jaune des Pyrénées-Orientales est l’une des lignes les plus spectaculaires de la SNCF et sa construction, au début du xxe siècle, a accumulé les exploits techniques. Si une soixantaine de kilomètres séparent Villefranche-de-Conflent et Latour-de-Carol, le dénivelé est de plus de 1000 mètres et il a fallu bâtir plus de 650 ouvrages d’art dans la vallée de la Têt, avec des ponts et des viaducs vertigineux et des pentes à 60 %.

L’ouverture de la ligne est due à l’acharnement d’Emmanuel Brousse, un homme politique local qui parvint à convaincre les autorités de sa nécessité pour désenclaver la Cerdagne et à la compétence de Jules Laxe, un ingénieur de la Compagnie du Midi qui a multiplié les solutions avant-gardistes.. Avec le métro de Paris, il a été l’un des premiers moyens de transport fonctionnant à l’électricité. Pour cela, on a créé une retenue d’eau, le lac des Bouillouses à plus de 2000 mètres d’altitude. L’usine hydro-electrique a d’ailleurs permis l’électrification des habitations de Cerdagne dès les années 1910, bien avant celle de la plaine du Roussillon. S’il est apparu très vite que la ligne serait difficilement rentable, le train jaune a été très tôt reconnu d’utilité publique. Cette énergie moderne et économique lui a permis d’être sauvé en 1970, lorsque la SNCF a fermé les dernières lignes à vapeur et à voie métrique.

Paysages de montagne et air pur

La première portion, en Villefranche-de-Conflent et Montlouis – deux villes fortifiées par Vauban et aujourd’hui classées au patrimoine mondial de l’Humanité –, a été inaugurée en 1910. Quelques mois plus tôt, des essais trop précoces avaient provoqué un terrible accident et la mort de six personnes. A l’origine, le train devait permettre de désenclaver le plateau de Cerdagne, une terre de contrebandier, marginalisée économiquement depuis le Traité des Pyrénées et l’instauration de la frontière avec l’Espagne.

Mais très vite, ce sont les touristes qui vont l’utiliser. En été, on vient de la plaine du Roussillon pour profiter de la fraîcheur et de l’air pur de la montagne, plusieurs établissements de climatothérapie ou thermaux ouvrent.  Plusieurs d’entre eux, comme les bains Saint-Thomas, utilisent des sources d’eaux chaudes et sulfurées qui jaillissent à 40 ° de la montagne. Le train jaune participe également au développement des sports d’hiver. Dès 1913, le grand hôtel de Font-Romeu accueillent les touristes de la Belle-Epoque et les équipements se multiplient.

Plusieurs fois menacé de fermeture, le « canari » a été sauvé grâce à la mobilisation des habitants de Cerdagne et du Conflent qui en ont fait l’un des symboles de la Catalogne nord. Il est d’ailleurs peint en jaune et rouge, les couleurs du pays. Et c’est heureux, car ce train de charme, qui ne dépasse pas les 60 km/h, offre une expérience unique à ses voyageurs qui peuvent découvrir les magnifiques paysages des Pyrénées et le riche patrimoine d’une région frontalière souvent ballottée par l’Histoire.

L'une des nombreuses étapes. Le train jaune est idéal pour parcourir la montagne à son rythme !

Le train jaune au départ Mont Louis vers Villefranche

L'un des nombreux ouvrages d'art.

Erwan Chartier
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