Archipel préservé abritant un écosystème très riche, les Sanguinaires sont nimbés d’une aura de mystère et de légende. Classées Natura 2000 et Grand site de France, elles constituent une visite incontournable à lors d’un passage à Ajaccio ou dans le sud de la Corse.

La silhouette des quatre îles Sanguinaires, sombre et rougeâtre, marque l’entrée du golfe d’Ajaccio ; un rôle de vigie renforcé par un toponyme quelque peu effrayant et prompt à réveiller bien des clichés sur la violence dans l’île de beauté. Plusieurs hypothèses courent d’ailleurs sur le nom de l’archipel, Isuli Sanguinarii en langue corse. Sur les anciennes cartes, on les nomme Sagonaris isulae, les îles qui annoncent Sagone, aujourd’hui un petit port entre Calvi et Ajaccio, mais qui abritait l’un des six évêchés de Corse au Moyen Âge.

Marins en quarantaine

Une autre explication viendrait de la couleur des îles, notamment de leurs roches aux reflets rouges et violets qu’il faut contempler au coucher du soleil pour leur beauté. On y trouve aussi en abondance des frankénies, des fleurs roses dont les feuilles rougissent à l’automne et qui évoquent donc la couleur du sang.

Dernière hypothèse, la construction d’un lazaret sur la Grande Sanguinaire, dans les années 1800. Les marins victimes d’épidémie y étaient mis en quarantaine et beaucoup y mouraient, ce qui aurait alimenté la réputation « sanguinaire » de l’archipel, particulièrement avec le retour de pêcheurs de corail d’Afrique du Nord, baptisés sanguinari, « au sang noir » … A noter que le frère de Napoléon, Jérôme Bonaparte envisageait de s’y faire enterrer.

Paradis naturel

Mystérieuses et dépeuplées, les îles Sanguinaires ont alimenté bien des récits de voyageurs, particulièrement Alphonse Daudet, qui y décrit les souvenirs du vieux gardien du phare, Bartoli, dans l’une de ses Lettres de mon moulin. « Le soleil, indique Daudet, déjà très bas, descendait vers l’eau de plus en plus vite, entraînant tout l’horizon après lui. Le vent fraîchissait, l’île devenait violette. Dans le ciel, près de moi, un gros oiseau passait lourdement : c’était l’aigle de la tour génoise qui rentrait… Peu à peu la brume de mer montait. Bientôt on ne voyait plus que l’ourlet blanc de l’écume autour de l’île… »

Ce phare domine l’île de de la Grande sanguinaire et ses voisines : l’île des cormorans, Cala d’Alga, Porri et l’îlot de U Sbiru. Construit en 1870, il a été automatisé en 1985, ce qui a signé la fin d’une présence humaine permanente sur l’archipel qui a été racheté, avec la pointe de Parata, par le conseil général. Ils constituent désormais une réserve naturelle de plus de 400 hectares avec un écosystème unique. Les oiseaux marins y évoluent en toute liberté et la flore insulaire s’avère particulièrement riche puisque, rien que sur la Grande Sanguinaire, on compte plus de 150 espèces de végétaux, dont certains sont inconnus ailleurs en Corse. D’autres sont particulièrement rares, comme l’arum mange mouche.

Pour admirer les Sanguinaires, on peut prendre un bus municipal depuis le centre d’Ajaccio. On longe les belles villas de la capitale corse, dont celle de Tino Rossi, ou l’étonnant cimetière marin, sans doute l’une des plus belles vues dans son genre. On arrive ensuite à la pointe de Parata qui offre une très belle vue sur les îles. On peut notamment monter dans sa tour génoise pour profiter du point de vue. Par ailleurs, dans le port d’Ajaccio, plusieurs compagnies proposent des visites guidées des Sanguinaires. Il faut compter trois heures environ pour avoir le privilège de poser le pied sur l’île principale et profiter d’une belle balade en mer.

La pointe de Parata avec sa tour génoise, et les îles Sanguinaires en arrière-plan

La tour génoise de Parata, un point de vue idéal sur le golfe d'Ajaccio

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Erwan Chartier
Thèmes associés : #Reportage

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