Pendant trois siècles, ils ont contrôlé l’archipel maltais et l’ont transformé en base militaire… Si les chevaliers ont quitté Malte, leur souvenir y reste toujours bien présent, notamment dans l’architecture et dans l’identité insulaire.

Malte reste associée à l’épopée des chevaliers qui ont possédé cette île très stratégique en Méditerranée. A l’origine, l’ordre de Saint-Jean-de-Jérusalem est né en 1080, pendant la première croisade. A l’instar des templiers, il s’agissait d’un ordre de moines-soldats chargés de défendre les intérêts chrétiens en Terre-Sainte. En 1310, chassés de Palestine, ils s’installent dans l’île de Rhodes pendant deux siècles. Mais, en 1523, le sultan turc les expulse.

Après quelques années d’errance, ils obtiennent de Charles Quint la possession de l’archipel de Malte, entre l’Europe et l’Afrique du Nord où les Turcs sont en train de progresser. Pendant quelques années, ils contrôlent également la ville de Tripoli, mais, mal défendue, cette dernière est prise par les Ottomans. Les chevaliers se considèrent comme un avant-poste de la chrétienté face au monde musulman. Sans grande ressources économiques, ils effectuent régulièrement des raids sur les côtes du Maghreb ou d’Asie mineure. Le pillage et la vente d’esclaves leur rapportent beaucoup, mais attire sur eux l’attention du Sultan.

Le grand siège de Malte

En 1565, la « religion », le surnom de ces chevaliers recrutés dans tous les pays de la chrétienté, fait face à son plus grand défi. Le 18 mai, une flotte de 160 galères et autres navires turcs aborde à Malte. Près de 30 000 soldats musulmans débarquent et viennent mettre le siège au Borgho, le port de Malte, défendu par 800 chevaliers et 1450 soldats, commandés par le grand maître La Valette.

Les affrontements vont durer plusieurs mois, avec des horreurs commises des deux côtés, mais les chevaliers résistent héroïquement et, le 7 septembre, les Turcs rembarquent en laissant plusieurs milliers de morts. Après ce siège, qui demeure l’une des grandes dates de l’histoire maltaise, la renommée des chevaliers de Malte est immense en Europe.

Les corsaires de Dieu

Dès lors, les chevaliers vont faire de Malte une véritable base navale pour harceler les Musulmans en Méditerranée. Ils reconstruisent le port, qui prend le nom de La Valette en hommage à leur commandant pendant le siège. D’énormes remparts sont édifiés qui impressionnent toujours aujourd’hui le visiteur.

Faute de pouvoir rentrer en Palestine, la « guerre sainte » des chevaliers de Malte est avant tout navale. Elle attire des marins de toute l’Europe, particulièrement les cadets des familles nobles qui doivent participer à quatre « caravanes », une forme de service à la mer au terme duquel ils ne sont pas tenus de devenir chevaliers-hospitaliers, mais peuvent réintégrer leur pays. Plusieurs grands officiers de marine français, comme Suffren, Tourville ou Coëtlogon ont ainsi fait leurs premières armes chez les chevaliers de Malte. Le corso, la guerre de course procure des revenus importants à l’île, qui se pare de nouveaux édifices, dont la magnifique cathédrale de la Valette. L’un des grands artistes baroques, le Caravage, a lui-même été chevalier de Malte.

La présence des chevaliers à Malte prend fin en 1798, lorsque Napoléon Bonaparte accoste devant la Valette lors de son voyage vers l’Egypte. Il expulse l’ordre des moines-soldats qui se replient sur le Vatican. Toujours considérés comme un Etat souverain, ils occupent désormais quelques immeubles à Rome, bien connus des philatélistes puisque l’ordre Malte possède encore aujourd’hui une poste indépendante. Après un siècle et demi de tutelle britannique, Malte est désormais une république membre de l’Union européenne. Quant aux chevaliers, ils se sont recentrés sur l’action humanitaire.

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Erwan Chartier
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