C’est aujourd’hui l’un des châteaux les plus visités au monde et sa silhouette blanche est devenue emblématique de l’Allemagne. Neuschwanstein a été construit au XIXe siècle par Louis II de Bavière, un souverain original à bien des égards.

On dit que Neuschwanstein a inspiré Walt Disney pour dessiner le château de la Belle-au-bois-dormant. En arrivant de la ville médiévale de Füssen, la première vision de cette imposante masse blanche, sur un piton, avec les Alpes en arrière-plan, est inoubliable. À s’approcher de plus prêt, la sensation est autre. Pour ceux qui ne sont pas en voyages organisés, il faut faire une queue de plusieurs heures au minimum, en contrebas, avant de monter vers la forteresse à pied, en minibus ou en calèche. Vu de près, Neuschwanstein à moins de charme, même si l’endroit reste extraordinaire à bien des égards.

Les rêves du roi fou

Ce singulier château a en effet été bâti par un souverain extravagant, Louis II de Bavière. Né en 1845, il a passé une partie de son enfance dans l’autre résidence royale, Hohenschwangau, remplie de références aux vieilles légendes germaniques. Elle est située à quelques centaines de mètres de Neuschwanstein. Enfant introverti, souffrant sans doute d’autisme, Louis se passionne pour la mythologie nordique et se compare à Parsifal, le gardien du Graal. Il deviendra plus tard le mécène du grand compositeur, Richard Wagner, lui aussi très imprégné par la culture germanique.

À 18 ans, ce grand jeune homme (1 m 90) accède au trône et tente de préserver la Bavière de l’influence prussienne. Mais après la défaite autrichienne de 1866, puis celle de la France en 1870, son royaume rentre totalement dans l’orbite allemande. Le 18 janvier 1871, Louis II est cependant le seul prince allemand absent à Versailles, lorsque Guillaume de Prusse est proclamé empereur d’Allemagne.

Après sa défaite politique, Louis II se réfugie dans ses rêves. Il vit essentiellement la nuit et engage des dépenses colossales pour construire une série de châteaux somptueux, dont celui de Neuschwanstein qui nécessite de centaines de tonnes de marbre et dispose de tout le confort disponible à l’époque. Les références à la mythologie germanique sont une nouvelle fois légion à l’intérieur, donnant à l’ensemble une étrange atmosphère wagnérienne et néogothique. La vue, sur les Alpes tyroliennes ou sur les lacs de Bavière, est époustouflante.

Mort mystérieuse

Pour construire ses châteaux, Louis II engage des dépenses colossales qui gonflent les dettes de la Bavière. Le gouvernement comme sa propre famille provoquent un coup d’État en 1886. Déclaré fou, Louis II est interné le 12 juin et meurt le lendemain, dans le lac de Stamberg, dans des circonstances étranges, sans que l’on sache aujourd’hui encore s’il s’agissait d’un suicide ou d’une tentative d’évasion ratée.

Louis II avait exigé que l’on rase ses châteaux après sa mort. Ce dont se garde bien le gouvernement bavarois qui les ouvre à la visite six semaines plus tard, pensant convaincre le grand public de la folie du prince. Ironie de l’histoire, cette ouverture a, au contraire, contribué à la popularité du roi parmi le peuple. Quant aux droits d’entrée, ils ont permis, dès 1920, de rembourser les dettes de la Bavière. Dépense somptuaire à l’origine, les châteaux de Louis II constituent aujourd’hui une véritable manne pour le tourisme bavarois.

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Erwan Chartier
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