Pour sa 5ème édition, « l'été des 13 dimanches » a rencontré un nouveau succès populaire à l'Ecole des Filles du Huelgoat. Un espace d'art(s) unique pour des rencontres partagées. Et à sauvegarder.

C'est un modèle d'invitation qui suscite tout de suite envie et plaisir par anticipation. Rejoindre le rural centre Finistère pour se régaler de fruits de mer en compagnie de personnalités brillantes qui ensuite donneront une conférence conviviale à suivre lové dans une chaise longue. Direction donc Huelgoat, sa forêt et ses chaos de rochers, pour rallier « l'Ecole des Filles ». Cet espace contemporain d'art à nul autre pareil fut créé en 2009 par Françoise Livinec, enfant du cru forte d'une réputation internationale dans l'art par les galeries qu'elle a ouvertes à Paris. « Je cherchais un petit lieu d'exposition dans la commune de mon enfance mais quand l'opportunité de racheter la vieille école des filles dont la mairie ne savait que faire s'est présentée, j'ai eu un coup de cœur, raconte Françoise, parfois encore un rien surprise de son audace d'alors. Il fallait forcément que cela devienne un lieu exceptionnel ! » Avec sa grande cour de récréation, son préau, ses multiples salles de classe, son dortoir, ses sanitaires collectifs, l'ancien ensemble scolaire construit en 1910 est bien vaste : plus de 2000 m2 pour enchanter les yeux des visiteurs. Il accueillera de grandes expositions de créateurs contemporains, peintres et sculpteurs en particulier venus de toute la planète, à l'aise dans l'espace enfin pour rencontrer un public curieux, et de leurs œuvres et du site décalé. Et depuis 2013, « l'été des 13 dimanches » fait venir écrivains, philosophes, musiciens, témoins, de tous horizons, pour des échanges ouverts sur le monde depuis l'impasse (ironie géographique) qui mène à l'Ecole.

Invasion de mots

Ce dimanche-là donc, nous avons accepté l'invitation lancée par Salaün Holidays, un des mécènes historiques de l'Ecole. Après l'apéritif sous les tilleuls ensoleillés de la cour, nous rejoignons la table où trônent huîtres, bulots, araignées ou langoustines affriolantes. Avec mayonnaise maison. Un regard à droite, un autre à gauche : des visages connus semblent savourer comme nous l'instant. Parmi eux, le prolixe Erik Orsenna de l'Académie Française qui parlera tout à l'heure de Jean de La Fontaine et des moustiques, ou l'inverse, devant quelque 500 auditeurs charmés, et l'indispensable Alain Rey, le papa du Petit Robert qui fête justement cette année les 50 ans de sa création. Les nourritures de l'esprit rencontrent celles de l'estomac. Dire qu'il en a été ainsi durant tous les week-ends de cet été 2017 avec, au gré de thèmes plus que variés, des convives nommés Jean-Claude Kaufmann, Michael Lonsdale, Scholastique Mukasonga, Yann Queffélec, Valérie Trierweiler, Didier Decoin, Pascal Bruckner, Yolaine de La Bigne, Edwy Plenel, Jean-Noël Jeanneney, Anne Quéméré... et milles pardons de ne pouvoir citer tout un chacun dans une litanie trop longue de talents. Simples anonymes, nous écoutons et apprécions ces instants hors du temps. Avec un réveil brutal : aujourd'hui, c'est l'Ecole des Filles qui a besoin de nous !

Invasion de maux

Il y a un an une invasion de mérule, champignon dévoreur de bois, était découverte dans le bâtiment principal. Des ravages incontrôlables qui obligent à une réfection complète des charpente et planchers. Avec à la clé une facture mirobolante de 2 millions d'€. Derrière Mona Ozouf, marraine de l'Ecole des Filles, anonymes défenseurs du projet de Françoise Livinec, noms des arts et entreprises solidaires se retrouvent dorénavant dans une association d'amis (l'ASSAME) pour répondre à ce défi immobilier. Lors des Journées du Patrimoine de la mi septembre, 150 marinières offertes par Armor Lux signées de la phrase « les mots sont des accumulateurs d'énergie » d'Alain Rey ont ainsi été mises en vente avec grand succès. Une goutte financière certes face au coût global mais une action de plus qui s'ajoute aux dons petits ou grands de particuliers et subventions promises. L'effort va se poursuivre pour entamer au plus tôt le chantier. « De cette catastrophe, nous ferons un nouvel élan, résume Françoise Livinec. Ces travaux que nous n'avions pas programmé vont être finalement l'opportunité de repenser l'agencement des salles pour d'encore meilleures conditions d'accueil des artistes et du public. Et c'est peut-être cela l'essentiel pour que l'aventure progresse toujours et toujours avec la participation de tous. » Un voyage vers l'art au quotidien pour lequel Salaün Holidays a embarqué depuis longtemps. Et merci pour ce moment.

Françoise Livinec

Une partie de l'assistance un dimanche d'Août

Thèmes associés : #Rencontre

Partagez cet article :

0 commentaires

Réagir

@