Outre le Vatican, Rome abrite un autre micro-Etat, celui de l’ordre souverain de Malte, héritier des chevaliers hospitaliers qui furent chassés de l’île de Malte par Napoléon en 1798. Il occupe quelques bâtiments, dont un bureau de poste où sont commercialisés des timbres très prisés des philatélistes.

Pour le commun des mortels, du plus petit Etat du monde n’est accessible qu’une étroite pièce de quelques mètres carrés, dans un pâté de maisons, non loin de la place d’Espagne, l’une des plus belles de Rome. A côté des boutiques de luxe de la via del Condotti, une large porte rouge donne accès au visitor centre de l’Ordre souverain de Malte, via Bocca di Leone. On y trouve des informations sur cette étonnante organisation, vieille de neuf siècles, et qui entretient des relations diplomatiques avec plus d’une centaine de pays.

Timbres et monnaies recherchées

Elle bénéficie d’un statut d’extraterritorialité reconnue par la république Italienne, ce qui lui permet de frapper monnaie et d’émettre des timbres. Les pièces, les scudo (écus) n’ont aucune valeur en dehors des quelques mètres carrés de l’endroit. Mais ils constituent évidemment une sorte de graal pour des numismates amateurs de curiosités géopolitiques. Pour les timbres comme les pièces, prévoir du liquide ! L’espace visiteur n’est pas encore équipé d’un terminal de carte bleue, à moins que sa situation géographique ne complique les choses.

Très recherchés également par les collectionneurs, les timbres de l’Ordre souverain de Malte peuvent être postés depuis… l’unique boite à lettres de cet Etat minuscule. Mais pas vers la France qui ne reconnaît pas ce micro-Etat, héritier de l’un des grands ordres de chevalerie militaires que Napoléon a chassés de l’île de Malte, alors qu’il se rendait en Egypte, en 1798.

Outre ces locaux, l’Ordre possède une « Villa magistrale » depuis le Moyen Âge. Située sur l’Aventin, l’une de ses grilles offre une vue unique sur le dôme de Saint-Pierre du Vatican. On peut la visiter sur réservation et admirer les décorations de Sainte-Marie de l’Aventin ou les trésors de la bibliothèque magistrale qui contient des milliers de manuscrits et les précieuses archives de l’ordre.

Des Hospitaliers à l’action caritative

S’il n’a jamais pu revenir dans l’île de Malte, occupée par les Britanniques après les Français, l’Ordre souverain s’est donc implanté à Rome, fort d’un immense prestige dans la chrétienté. Il est en effet l’héritier des hospitaliers, l’un des deux ordres religieux militaires – avec les Templiers – à être intervenu lors des Croisades. Il aurait été fondé en 1048 et reconnu par bulle papale en 1113.

L’ordre entre en action véritablement pendant les croisades, à la fin du XIe siècle. Après la chute des dernières possessions occidentales en Terre Sainte, les Hospitaliers se replient à Rhodes. Moins sulfureux que les Templiers, ils doivent cependant affronter les Turcs qui les expulsent, au début du XVIe siècle, vers l’île de Malte. Ils y établissent une étonnante principauté qui va durer deux siècle et demi. Ils se transforment alors en redoutables corsaires et les grandes familles européennes y envoient leurs rejetons se former au combat naval contre les barbaresques.

La situation perdure jusqu’à ce que Napoléon ne vienne mettre son grain de sel et expulser, en 1798, les derniers chevaliers. Après un curieux exil auprès du Tsar de la très orthodoxe Russie, ils s’installent donc à Rome. Réformant leurs statuts dans les années 1950, ils sont désormais entièrement tournés vers l’action humanitaire. L’ordre souverain de Malte constitue, en fait, une ONG disposant de droits internationaux spécifiques dus à sa très longue histoire. Il bénéficie cependant d’un statut d’extraterritorialité et il est reconnu comme sujet indépendant de droit international. Ce qui lui permet d’intervenir dans des zones parfois très sensibles.

Dans le Visitor centre

L'une des plus étonnantes boite à lettres du monde

 

 

 

Erwan Chartier
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