Non loin de Berlin, Postdam et son château de Sanssouci occupent une place particulière dans la mémoire allemande. Les nombreux édifices, dont plusieurs sont classés au patrimoine mondial de l’Unesco, rappellent tout à la fois la grandeur de la Prusse de Frederick II comme les heures sombres du nazisme et de la guerre froide.

Si Berlin a été grandement détruit pendant la Seconde Guerre mondiale, à quelques dizaines de kilomètres, la ville de Postdam conserve, elle, une partie de l’héritage de la Prusse, dont elle a été la capitale. En effet, au XVIIe siècle, le roi Frederick-Guillaume Ier y a construit une ville nouvelle, inspirée notamment des cités hollandaises, dont l’urbanisme était alors l’un des plus modernes. Mais l’austère souverain prussien était avant tout un roi soldat et il a bâti aussi de nombreuses casernes. A l’époque, la population de la ville a compté jusqu’à 75 % de soldats, ce qui en a fait, par la suite, l’un des symboles du militarisme prussien.

Le palais philosophique de Frederick II

Un siècle plus tard, l’un des grands personnages du XVIIIe siècle, le roi de Prusse, Frederick II, va profondément transformer Postdam. Séduit par la beauté des coteaux de Würsten Berg où il chassait, il décide d’acquérir près de 300 hectares pour en faire sa résidence d’été, dont le château de Sanssouci commencé dans les années 1740. Le roi dessine lui-même les croquis d’une résidence qu’il veut intime et relativement sobre, bien dans une mentalité prussienne et protestante qui souhaite se démarquer du faste de Versailles et des palais grandioses et démesurés des empereurs autrichiens ou des tzars russes.

Frederick II est un prince « éclairé » et veut en faire un refuge pour les artistes et les philosophes qu’il invite volontiers, au premier rang desquels Voltaire, qui a séjourné près de trois ans à Postdam. Contrairement à la légende, l’auteur de Candide n’a pas résidé dans une des chambres du château, mais l’édifice conserve de nombreuses traces de son passage, en particulier la salle de marbre où étaient donnés les soupers philosophiques, ainsi que la bibliothèque qui contient plus de deux mille ouvrages anciens en français.

Frederick II, le « vieux Fritz » pour les Allemands, commande également une salle de concert qui reste l’un des chefs d’œuvre du baroque allemand. Peu à peu, lui et ses successeurs aménagent cet immense domaine. De nouveaux bâtiments viennent se greffer au château royal qui est resté la résidence d’été de la cour impériale jusque 1918. Visiter Sanssouci, c’est passer de longues heures à admirer la galerie des peintres, la grotte de Neptune, le pavillon chinois, Charlottenhof, la nouvelle orangerie, le nouveau palais, les magnifiques parcs... Bien après Frederick II, Frederick-Guillaume IV construit aussi des thermes « à la romaine » et une chapelle de la paix.

Postdam la prussienne

Si le domaine de Sanssouci est l’une des perles du patrimoine allemand, la ville de Postdam vaut également le détour. Certes, elle présente un aspect relativement austère, mélange de rigueur prussienne et de sobriété protestante, mais ses anciennes demeures aristocratiques ne manquent pas de charme. Plusieurs édifices baroques ont été reconstruits récemment, après les destructions du XXe siècle.

Postdam a également régulièrement été au cœur de l’actualité du XXe siècle. En 1933, Goebbels y réalise l’un des premiers films de propagande du régime nazi. Pendant la guerre, la ville subit plusieurs bombardements dévastateurs, avant d’accueillir la célèbre conférence qui devait décider de l’avenir de l’Europe et du monde en 1945. En secteur soviétique, Postdam devient alors une cité interdite, car elle abrite l’un des principaux centres du KGB et du contre-espionnage communiste. La ville est surtout célèbre pour son « pont des espions » qui permettait d’échanger les prisonniers des deux camps durant la guerre froide.

A bien des égard, Postdam apparaît donc comme un concentré de l’histoire moderne de l’Allemagne et une destination incontournable.

L'élégante façade de Sanssouci

La corps de logis et les vignes

Le pavillon chinois, construit en 1764

Sanssouci propose plusieurs dizaines d'hectares de parcs et de châteaux

 

Erwan Chartier
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